Mirage français participant aux bombardements dans le nord du Mali - janvier 2013 - AFP |
"
Nothing can kill Anybody. Not a poem or a fat penis "
Jack
Spicer in Billy The
Kid
il
vous faudrait une bonne guerre
disent-elles
mouchoir ensanglanté les mouchoirs de cholet disent les
cheveux blancs jaunis le filet de gruyère recuit qui coule du
menton à la soupe épaisse il vous la faudrait les dents
décalcifiées les tickets rationnés un peu de
haine qui chevrotte à la chair rose et tendre garde tes larmes
pour plus tard ma fille un mouchoir de cholet au fusil avec la fleur
ton arrière grand-oncle est mort à Verdun des yeux si
bleus un obus le plus jeune capitaine raflé il vous faudrait
une bonne guerre
le
plus jamais ça en image orientée un drame a besoin de
personnages par exemple 1 le président assassiné icône
martyre il était déjà politiquement mort de
toute façon fecit qui prodest 2 le mercenaire gb alias carlos
alias le chacal brute mystérieure présentée
treillis trempé de sueur estafilades esthétiquement
encroûtées plan américain couleur avec
mitraillette dernier cri = rejet et fascination médiatique 3
la victime tuée simplement pour ce qu’elle est ou parce
qu’elle se trouve là un frêle étudiant immobile
face à l’avancée d’un char ou les images de
charniers avec gros plan sur les membres liés les mutilations
certains ayant survécu à la férocité
humaine ils vacillent au bord du gouffre l’extrême banalité
du machiavélisme d’état il y a carence dans
l’appareil responsabilité politique un drame a
besoin de personnages
les
mythologies leur confèrent leur force de séduction
l’originalité la gravité le culte les dieux les héros
les épopées les légendes parangons de vert aux
moeurs lassés voire personnalités démoniaques
exemplaires mais humains en 2 d coeur regard d’acier couleurs
glacées ils peuvent souffrir la Mort l’Amour et le Destin
les mythologies dispensent au sacré un essentiel élément
de crainte la Mort l’Amour et le Destin la traduction de grands
principes collectifs qui gouvernent l’humanité
par delà le temps et l’espace
les
écrans défilent analepse et représentation son
sourire est le même en surface noir et blanc ou couleur ça
n’arrête pas le flux d’un sourire non raconté ce
qu’on en fait la cruauté les écrans les souvenirs
par pitié ne vous glissez pas dans la peau du personnage
le
problème c’est la dépendance aux images aux discours
à la douleur qui voile la mémoire l’air se vivifie et
devient embaumé et tout ce qui languissait déborde de
vie sous son rayon parfumé la pire des dopes c’est la
dépendance au petit frisson du scandale l’excitation fébrile
du voyeurisme aux cours d’abdos-fessiers on vous veut recta à
la diarrhée télé rien qui dépasse aux
plans américains on n’en sort pas elle se souvient que
l’outil et la langue sont apparus en même temps et le scalpel
? jour après jour une gorgée goulée insidieuse
on se surprend à dire ils ne sont pas si méchants après
tout une dose de trop la diabolisation plaque tournante du consensus
ça tiédit même le rouge reste-t-il vraiment rouge
prenons garde en portant la coupe à nos lèvres ni
ouvrir les yeux toujours neufs au scalpel si nécessaire on ne
se baigne pas deux fois dans les mêmes eaux d’un fleuve
soudain rougi le sang a toujours l’odeur et le goût du sang
est le sang est le sang
Direct from Mission Impossible n°1
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