Epistaxis - Andrea Zanzotto



Coulées de sang noir sur papier
Pierre Soulages


Comme on se retrouve avec du sang-de-nez,
sang gnome ou bambin ou babouin,
sans apparemment
- sang non pertinent –
cause aucune.
Une goutte qui pourrait être mucus
mais qui est au contraire rouge
sur la table ou sur le mouchoir,
c’est à cela que ressemble maintenant
le fait de me retrouver encore
à l’improviste face à
ces lignes
que je ne devrais désormais plus écrire
et, qui, au contraire, et sait-on/ depuis quelles rares narines/
jaillit cette négligeable épistaxis
celle qui se fait laque sur la table,/
un rouge que je ne peux refuser,
rouge de cellules n’appartenant
déjà plus à personne,
rouge innocente épistaxis
« qui passera aussitôt », et d’ailleurs,
(« c’est comme si elle était déjà passée,
certes sans besoin de tampons
ou de lumières, ou de ténèbres
ou d’effets spéciaux »)

 Idiome, traduction Philippe Di Meo, José Corti, 2006

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