le moi-mot, la révolution et les petits culs - Charles Pennequin





 nous n'avons pas assez de mots pour traiter la vie. il faudrait la traiter en permanence. comment je retraite la vie. je n'ai pas tous les mots. les mots ne sont d'ailleurs pas les miens. je n'ai jamais eu de quoi bien traiter la vie avec les mots. tous les mots m'ont manqué au moment opportun. jamais je n'apparais au moment où il faut dans mes mots. car déjà ils ne sont pas de moi et moi je ne suis pas non plus dans la vie vraiment. car je ne suis pas dans un moi. ou dans un mot. ou alors c'est un moi-mot enfoncé au dernier degré. entassé dans la vie qui est pleine de mots-à-moi. les mots-à-moi qui ne traitent de rien. les mots-à-moi qui n'ont guère de vie et qui nous remplissent à chaque moment pour nous faire croire en la pensée mienne. que la pensée mienne sauvera la vie à moi. alors qu'il ne faut pas penser la vie de moi et avoir la pensée sauve. il faut juste la traire. trayons la pensée-sauve dans la vie mienne de ses mots et voyons si le liquide est encore imbuvable. si l'on ne peut y boire c'est qu'il n'y a pas de vie à moi dans cette vie-là. car la vie mienne a trop abusé de mots. les mots sont trop gros. ils enflent. ils ont été pensés. les mots ont été chargés pour nous faire croire en la vie de moi. on nous a chargé de croyances pures et de pensées éclairées. alors que les phrases devaient tordre l'émotion. l'émotion en parole de quelqu'un qui vient de moi pour se faire traiter plus bas que terre par lui. tout ce qui a fait jusqu'ici sa vie à lui. tout ce qui l'a rempli et qui maintenant lui crache à la figure. la parole avance toujours masquée.




de toute façon nous sommes seuls, définitivement seuls, rien ne peut venir nous la chauffer, la place est la place d'un qui est seul, qui est nu et a froid, c'est-à-dire que même si l'on nous la chauffe en nous disant d'éviter de nous révolter et que nous pensions d'ailleurs que la révolte n'est que dans le cri, même si nous pensons le cri ou si nous pensons la parole comme un cri dans l'espace, ou si nous pensons le geste ou la pensée comme l'ultime révolution, nous aurons tort. les vrais révolutionnaires sont seuls et haïs d'eux-mêmes. alors, seuls on nous fera croire qu'il y a les autres qui suivent aussi le même enseignement, que tous ont été retenus à ne pas partir en vrille hors d'eux-mêmes, c'est-à-dire de cet enseignement qui serait la vraie révolution et dans le meilleur des cas nous ferons taire la révolution par le chacun pour soi révolutionnaire, et si nous ne nous taisons pas nous serons seuls aussi, nous serons tous des ennemis farouches à la solitude, alors enfermés dans nos principes ou contre tous les principes et même les nôtres, ceux qui nous soutiennent et qui, au fond, ne nous soutiennent pas, car ils ne se soutiennent pas par eux-mêmes, personne n'est soutenu en principe dans sa place, personne n'a de place dans son soutien principal à lui-même, tout le monde est vendu à la probabilité de l'autre, rien n'est plus probable, car non-improbable, nous croyons trop en l'improbabilité, trop de chaudes larmes sont versées sur le sujet trop voyant de l'improbable alors que devant nous s'affiche le paysage qui illustre nos mots et nos mots qui sortent viennent de cet air, l'air qui agite cette image et qui n'a jamais probablement appartenu à quiconque et donc à n’importe quel révolutionnaire sur une quelconque place.




toi t'aimes bien les bons petits culs, t'aimes bien ça voir les petits culs tout bons, t'aimes bien voir un bon petit cul passer, un bon petit cul papoter ou passer, hein ouais t'aimes bien voir ça, le bon petit cul qui demande pas son reste et passe, qui passe et qui rapasse, mais le bon petit cul ne demande pas mieux de rester, le cul petit tout bon qui demande pas son reste mais reste tout de même, t'aimes bien ça hein, t'aimes bien que le petit cul tout bon reste sur place, pour ça t'aimes bien que ça t'écoute un bon petit tout cul, que ça se tende bien de par le cul le petit cul tout bon, que cul tendu te soit tout ouï, qu'il soit tout oui le tout bon petit cul tout ouï, qu'un petit tout bon cul comme ça c'est bon pour n'être qu'un petit cul après tout, pourquoi ce n'est pas qu'un tout bon petit cul qui passe et qui rebondit quand on l'appelle, quand on le retient pour qu'il fasse un gros oui le tout petit bon cul tout ouï à toi, car c'est à toi qu'il est le petit bon tout cul n'est-ce pas, et ça t'aimes bien, t'aimes bien avoir ton tout bon petit cul et qu'il te dise que oui, que ça dise oui à tout, à tout bout de champ le tout bon cul petit qui passe et qui rebondit, c'est ça que t'aimes au fond, au fond du fond t'aimes bien les tout bons petits culs qui passent, qui passent et qui rapassent, les bons petits tout culs qui ne restent pas en place






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