La quatrième
année du règne d’Archidamus, fils de Zeuxidamus,
Sparte éprouva le plus grand tremblement de terre dont on eût
encore entendu parler. La terre s’entr’ouvrit et s’abîma
en plusieurs endroits ; le mont Taygète en fut tellement
agité, que plusieurs de ses sommets s’écroulèrent
; la ville fut culbutée de fond en comble ; toutes les
maisons, excepté cinq, furent renversées par la
secousse. Quelques instants avant que la terre tremblât, les
jeunes hommes et les jeunes garçons, qui s’exerçaient
nus ensemble au milieu du portique, virent, dit-on, un lièvre
passer devant eux ; les jeunes garçons, tout frottés
d’huile qu’ils étaient, s’élancèrent a sa
poursuite, par divertissement ; ils furent à peine sortis, que
le portique tomba sur les jeunes gens qui étaient restés.
Tous périrent écrasés à la fois ; et leur
tombeau s’appelle encore aujourd’hui Sismatia.
Archidamus,
qui prévoyait, d’après le danger présent,
celui qu’on avait à craindre, et qui voyait les citoyens
uniquement occupés à sauver de leurs maisons les effets
les plus précieux, fit sonner l’alarme, comme si l’ennemi
eût été aux portes, afin qu’ils accourussent au
plus tôt se ranger autour de lui avec leurs armes. Cette
présence d’esprit sauva seule la ville dans cette
conjoncture ; car les Hilotes accoururent de tous côtés
de la campagne, pour massacrer les Spartiates qui auraient échappé
au tremblement de terre ; mais, les ayant trouvés en armes et
en rang de bataille, ils se retirèrent dans les villes,
engagèrent dans leur parti la plupart des peuplés
voisins, et firent aux Spartiates une guerre ouverte, en même
temps que les Messéniens les attaquèrent d’un autre
côté.
22ème jour du Calendrier Armée Noire
Plutarque - Vie des hommes illustres - traduction Alexis Pierron
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