Si
l'on voulait qu'il fût réussi ou tout simplement même
qu'il eût lieu, le déjeuner était une entreprise
extrêmement minutieuse. Pour que son déjeuner fût
agréable, et il arrivait qu'il fût infiniment agréable
en vérité, il fallait qu'on lui laissât une paix
royale tandis qu'il le préparait. Mais s'il était
dérangé maintenant, si quelque jaseur disert déboulait
à présent, porteur d'une pétition ou d'une idée
géniale, alors autant ne pas manger du tout, car la nourriture
n'aurait à son palais qu'un goût d'amertume ou, pis
encore, pas le moindre goût. Il lui fallait être
strictement seul, il lui fallait un calme et une intimité
absolus, pour préparer la nourriture qui constituerait son
déjeuner.
La
première chose à faire était de verrouiller la
porte à double tour.
In
Dante et le homard - Samuel Beckett – Bande et sarabande –
Traduction
Edith Fournier – p. 23 – Les éditions de Minuit - 1994
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