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cette nuit j’ai
passé si longtemps à chercher la durée du poème, que le poème a fini par
abandonner tout ce dont il parlait pour ne plus rien dire d’autre que
sa durée. C’est la seule chose qu’il puisse maintenant vous offrir, mais
si vous acceptez de le lire jusqu’au bout, il vous l’offre entièrement
et sans détour, quelque soit l’endroit où il s’arrête de lui-même comme
par enchantement – puisque il m’est autant impossible qu’à vous de
savoir quand- A défaut de figures, il vous donnera au moins cela, le
sentiment d’avoir duré tant de temps, et il faudra juste faire en sorte
d’être particulièrement sensible au moment où, étant encore en train de
lire, vous ne lirez plus, pour que le sentiment de sa durée vous arrive,
sans effort, sans vous concentrer spécialement sur la notion de durée,
comme l’éclosion d’un nénuphar de silence. Et si vous êtes surpris
autant que je peux l’être en l’entendant s’arrêter, alors peut-être
avons-nous réellement une chance de nous rencontrer là. Mais peut-être
nous connaissons-nous déjà.
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