Martyr, printemps - Andrea Zanzotto



Mario Giacomelli, Paesaggio


II

Le mont, ton mont se libère
au-dessus de la stature de tous les pays,
de la vie où nous persistons,
aveuglés de pluies et bois,
les tempes opprimées par le golfe boréal
des cieux qui te consumèrent,
impurs et ternes les pas
entre le souffle de la belle et l'erreur du dément.

Là-haut il n'est plus de lumière, 
peut-être, ni d'azur, le printemps
paît d'angoissants pollens les crêtes vides,
écho sans gloire, la neige,
parmi les larves visqueuses des tourmentes ;
mais la noire inondation
monte la garde devant ton grabat,
les torrents courroucés surprennent
tout ce qui est entre nous,
tout lien, toute figure.

Violant tant d'abruptes
terreurs, de pierreuses distances,
amour, toi seul fais irruption dans ma poitrine,
toi, sur nous, sentier
plus escarpé, sur tous nos
jours rompus et fourmillants,
sur tout le touffu du printemps.

Derrière le paysage (1951) - p 33 - in Du paysage à l'Idiome
Traduction Philippe Di Meo 
Maurice Nadeau / Editions UNESCO - 1994

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