anthropoïde de François de Loys
Naturellement velu et hirsute, avec le
torse, le dos et les épaules couverts de poils, Nick Grenelli doit
se raser deux fois par jour.
Un matin, il se réveille avec les
cheveux jusque sur les oreilles et une barbe noire d'au moins quatre
jours. Les poils qui lui couvrent les bras et tout le corps ont aussi
poussé, et il éprouve une sorte de fourmillement dans la peau comme
s'il les sentait pousser. Un peu secoué, il se rase et se fait une
tasse de café.
En s'asseyant dans le patio de sa
maison de Miami, il se rend compte qu'il vient de semer sur la table
des poils de ses avant-bras et de ses poignets – toute une couche
de poils noirs et fins ; et puis, glacé d'horreur, il
s'aperçoit que ces poils gigotent et se tortillent comme de
minuscules filaments vivants – en fait, comme de minuscules
vermisseaux noirs.
- Bon Dieu ! S'écrie-t-il, à
l'instant même où un coup de vent les balaye par-dessus le mur
entourant son patio et les disperse dans le ciel bleu.
Le lendemain, il se réveille, avec une
frange de poils devant les yeux, et en remuant dans le lit, il sent
un véritable matelas de poils sous lui. Il a le nez plein de poils,
les yeux couverts de cils et de sourcils. En poussant un cri, il se
rue dans la salle de bains : il a la figure complètement
velue ; des touffes entières de poils lui sortent des oreilles,
de la paume des mains, de la plante des pieds. Et ces poils sont
vivants, ils se tordent et se tortillent, animés d'une vie propre.
Ils lui ont traversé les joues et le palais pour s'enfoncer dans sa
bouche et sa gorge.
William
S. Burrough – L'ombre d'une chance
Traduction
Sylvie Durastanti
Christian
Bourgois éditeur – 1998
Hayao Miyazaki - maître Okkoto / Princesse Mononoké
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