à chaque jour sa fête suprême ou sa vacuation !
on consultera le calendrier du collège de pataphysique ici
L'ère Pataphysique commence le 8 septembre 1873, qui d'ores en avant prend la dénomination de 1er du mois Absolu An 1 E.P. (Ère ’Pataphysique).
Les naufs du joyeux convoi refaites et
réparées, les victuailles rafraîchies, les Macréons plus que
contents et satisfaits de la dépense qu'y avait faite Pantagruel, au
jour subséquent fut voile faite au serein et délicieux aguyon, en
grande allégresse.
Sur le haut du jour fût par Xénomanes
montré par de loin l'île de Tapinois en laquelle régnait
Crêmeprenant : duquel Pantagruel avait autre fois ouï parler,
et l'eût volontiers vu en personne, ne fût que Xénomanes l'en
découragea, tant pour le grand détour du chemin, que pour le maigre
passe-temps qu'il dit être en toute l'île et cours du Seigneur :
- Vous y verrez, dit-il, pour tout
potage un grand avaleur de pois gris, un grand caquerotier, un grand
preneur de taupes, un grand botteleur de foin, un demi-géant à poil
follet et double tonsure extrait de Lanternois, bien grand
lanternier, gonfalonier des ichtyophages, dictateur de Moutardois,
fouetteur de petits enfants, calcineur de cendres, père et
nourrisson des médecins, homme de bien, bon catholique et de grande
dévotion. Il pleure les trois parts du jour. Jamais ne se trouve aux
noces. Vrai est que c'est le plus industrieux faiseur de lardoires et
brochettes qui soit en quarante royaumes. Les aliments desquels il se
paît sont hauberts salés, casquets, morrions salés et salades
salées. Dont quelquefois pâtit une lourde pisse-chaude. Ses
habillements sont joyeux, tant en façon comme en couleur. Car il
porte gris et froid : rien devant et rien derrière, et les
manches de même.
- Vous me ferez plaisir, dit
Pantagruel, si comme m'avez exposé ses vêtements, ses aliments, sa
manière de faire et ses passe-temps, aussi vous m'exposez sa forme
et corpulence en toutes ses parties.
- Je t'en prie, Couillette, dit frère
Jean, car je l'ai trouvé dedans mon bréviaire : et s'enfuit
après les fêtes mobiles.
- Volontiers, répondit Xénomanes.
Nous en entendrons par aventure plus amplement parler passant l'île
Farouche, en laquelle dominent les Andouilles farfelues ses ennemies
mortelles, contre lesquelles il a guerre sempiternelle. Et ne fût
l'aide du noble Mardigras, leur protecteur et bon voisin, ce grand
Lanternier Carêmeprenant les eût déjà piéça exterminées de
leur manoir.
- Sont-elles, demandait frère Jean,
mâles ou femelles ? anges ou mortelles ? femmes ou
pucelles ?
- Elles sont, répondit Xénomanes,
femelles en sexe, mortelles en condition : aucunes pucelles,
autres non.
- Je me donne au Diable, dit frère
Jean, si je ne suis pour elles. Quel désordre est-ce en nature faire
guerre contre les femmes ? Retournons. Sacmentons ce grand
vilain.
- Combattre Carêmeprenant, dit
Panurge, de par tous les diables ? Je ne suis pas si fol et
hardi ensemble. Et si nous trouvions enveloppés entre Andouilles et
Carêmeprenant ? Entre l'enclume et les marteaux ? Cancre.
Oustez-vous de là ! Tirons outre. Adieu vous dit Carêmeprenant.
Je vous recommande les Andouilles : et n'oubliez pas les
boudins.
François
Rabelais – Le Quart Livre
Comment
Pantagruel monta sur mer
Adaptation
François Bon
Hatier
– 1994
Aucun commentaire :
Enregistrer un commentaire