Je
marchai hier
dans
Thunderbird Park.
Cette
nuit
j'enlève
mon masque,
de
mes doigts ensanglantés,
je
me vois
marcher
devant
les vitrines décorées de totem criards,
descendre
des avenues sonores.
Il
n'y a pas d'Indien ici.
Aucun
même
dans le musée à un million de dollars
qui
conserve si délicatement
leurs
vêtements, leurs ustensiles de cuisine,
leur
nourriture
pour
ceux qui
venant
de partout
paient
leur billet
et
y emmènent leurs enfants.
Il
y a quelques Indiens
rôdant
autour de l'hôtel Kings
et
ils sont morts,
confits
dans l'alcool.
Il
aurait été plus clair
de
nous tuer tous d'un coup.
Tous
les clans et les tribus
auraient
pu être habillés et empaillés.
Il
aurait été plus simple d'ajouter
un
cinquième étage au musée
pour
les exposer.
Mieux
encore :
de
les empiler comme du bois de chauffage
dans
nos longues maisons
où
nous serions au moins chez nous
et
ça serait d'un bon rapport.
Je
marche lentement et me souviens
je
chancelle sous
le
poids de l'âpre fardeau enfoui
que
je porte
et
du masque ingénieux que je me suis fabriquée,
avec
les ossements et la peau
de
ma tribu disparue
en
le plongeant dans le sang frais
de
mes frères et sœurs
puisé
sur les anciens champs de bataille
près
des hôtels.
Jeannette
Armstrong in Anthologie de la poésie amérindienne
Traduction
Manuel Van Thienen
Bacchanales n° 42
Revue de la Maison de
la Poésie Rhône-Alpes
Le Temps des Cerises
Comme un amont (si vaste) de la géopoétique ...
RépondreSupprimerles dessous... des cartes, de table
Supprimerkrrr.