à ta santé imperbédueuse – Arthur Rimbaud



Stuttgart, 5 février 75.

Verlaine est arrivé ici l'autre jour, un chapelet aux pinces… Trois heures après on avait renié dieu et fait saigner les 98 plaies de N.S. Il est resté deux jours et demi, fort raisonnable et sur ma remonstration s'en est retourné à Paris, pour, de suite aller finir d'étudier là-bas dans l'île.

Je n'ai plus qu'une semaine de Wagner et je regrette cette argent payant de la haine, tout ce temps foutu à rien. Le 15 j'aurai Ein freundliches Zimmer n'importe où, et je fouaille la langue avec frénésie, tant et tant que j'aurai fini dans deux mois au plus.

Tout est assez inférieur ici – j'excèpe un : Riessling, dont j'en vite un ferre en vâce de gôdeaux gui l'onh fu naîdre, à ta santé imperbédueuse. Il soleille et gèle, c'est tannant.

(Après le 15, Poste restante Stuttgart.)

À toi.
Rimb.



Arthur Rimbaud – Lettre à Ernest Delahaye




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