le mur jaune=gris de roseaux et de vapeur d'eau
A 10 mètres du sol :
(ce que je grimpe bien, quand
c'est nécessaire !) Donc, à dix mètres
d'altitude, reprenant mon souffle, j'inspecte les parages :
La surface des roseaux
très étendue, peut-être 400 X 500 mètres
(et l'arbre sur lequel j'étais perché avait
certainement le même âge qu'eux). De longues lames de
sagaies de 10 pieds de haut, couverte d'un enduit jaune, se
dressaient immobiles et denses, véritable armée
végétale. (C'était l'endroit le moins élevé
de la région, point de ralliement des brouillards nocturnes et
des filets d'eau brunâtres. - Tout à fait à
droite, reconnaissable seulement à son toit vétuste :
la ferme Söder.)
Arno Schmidt - Scènes de la vie d'un faune
Traduction Jean-Claude Hémery et Martine Valette
Christian Bourgois éditeur - 1991
Quelque
soldat de la station-radio, sous le ciel germanique, sortait
peut-être le dimanche vers les croix solitaires : de la lande
de bruyère la draye menait à la forêt ; près
du jardin des morts, avec une fleur, son amie l'attendait peut-être.
Au-delà de tout sentier, au-delà de tout mal, sans
qu'elle soit couronnée de cyprès, repose, en sa lumière
opaque, immuable la mort*.
*
Les cyprès sont propres à nos climat, aux cimetières
de chez nous. Notre auteur part d'une vue concrète (un endroit
déterminé, un cimetière donné, sis entre
la brande et la forêt) et la dilate au point d'en faire un
paysage symbole des royaumes de la mort. " ... sa lumière
opaque... ", ambigu : lumière
germanique ; lumière des mondes morts.
Carlo Emilio Gadda - Le château d'Udine
Traduction Giovanni Clerico
Les Cahiers Rouges - Grasset - 1991
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