Lande - Arno Schmidt // Carlo Emilio Gadda



 le mur jaune=gris de roseaux et de vapeur d'eau




A 10 mètres du sol : (ce que je grimpe bien, quand c'est nécessaire !) Donc, à dix mètres d'altitude, reprenant mon souffle, j'inspecte les parages :

La surface des roseaux très étendue, peut-être 400 X 500 mètres (et l'arbre sur lequel j'étais perché avait certainement le même âge qu'eux). De longues lames de sagaies de 10 pieds de haut, couverte d'un enduit jaune, se dressaient immobiles et denses, véritable armée végétale. (C'était l'endroit le moins élevé de la région, point de ralliement des brouillards nocturnes et des filets d'eau brunâtres. - Tout à fait à droite, reconnaissable seulement à son toit vétuste : la ferme Söder.)


Arno Schmidt - Scènes de la vie d'un faune
Traduction Jean-Claude Hémery et Martine Valette
Christian Bourgois éditeur - 1991






Quelque soldat de la station-radio, sous le ciel germanique, sortait peut-être le dimanche vers les croix solitaires : de la lande de bruyère la draye menait à la forêt ; près du jardin des morts, avec une fleur, son amie l'attendait peut-être. Au-delà de tout sentier, au-delà de tout mal, sans qu'elle soit couronnée de cyprès, repose, en sa lumière opaque, immuable la mort*.


* Les cyprès sont propres à nos climat, aux cimetières de chez nous. Notre auteur part d'une vue concrète (un endroit déterminé, un cimetière donné, sis entre la brande et la forêt) et la dilate au point d'en faire un paysage symbole des royaumes de la mort. " ... sa lumière opaque... ", ambigu : lumière germanique ; lumière des mondes morts.




Carlo Emilio Gadda - Le château d'Udine
Traduction Giovanni Clerico
Les Cahiers Rouges - Grasset - 1991

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