Les gentilles petites filles vont au paradis... Les autres, là où elles veulent ! Avec un extrait d'Héroïnes de Claude Cahun





À force d’insister j’obtins qu’elle me promît un an
– ce qu’elle ne consentit pourtant qu’à regret. Elle me
mit à la porte ce jour-là, s’enferma dans sa chambre
– seule – pour méditer une décision si grave. Elle sortit.
Je revins : Eh bien ? dis-je (car j’y pensais toujours. Elle
aussi d’ailleurs). Mais elle répondit : « Eh bien ! quoi ?…
Je vais au jardin : maman réclame ses fleurs. Tu restes
ici ? » On ne se débarrasse pas de moi si facilement. Je
m’entête : Toujours, dis, toujours ? – Je marchande ;
et, voyant qu’elle va se fâcher, je rabaisse mes prétentions
: Un an, dis, un an ? Promets-moi un an, ce n’est
pas grand-chose… Alors, ne pouvant plus se dérober,
elle me regarde durement, réfléchie, sérieuse : « Un an,
soit » – et cela, comme une aumône à un pauvre qu’on
sait simulateur, pour qu’enfin je la laisse en repos.

1 commentaire :

  1. Bonsoir,

    J'aimerais bien en savoir un peu plus sur cette photo.

    Merci d'avance.

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