William Carlos Williams - 1921 |
La descente nous attire
comme nous attira la montée
La mémoire est une manière
d’accomplissement
une manière de renaissance
et même
une initiation, puisque les espaces qu’elle révèle sont
de nouveaux territoires
peuplés de hordes
jadis inaperçues,
d’une autre espèce –
puisque leurs déplacements
ont pour buts d’autres buts
(même s’ils furent, en d’autres temps, abandonnés)
Nulle défaite n’est seulement faite de défaite – puisque
le monde qu’elle révèle est un territoire
dont on n’avait jamais
soupçonné l’existence. Un monde
perdu,
un monde impensable
nous attire vers d’autres territoires
et nulle pureté (perdue) n’est plus pure que le
souvenir de la pureté .
Avec le soir, l’amour s’éveille
bien que ses ombres
qui n’existent qu’en vertu
de la lumière solaire –
soient gagnées par le sommeil, lâchées par
le désir
L’amour sans ombres s’étend à présent
qui ne s’éveille
qu’avec la montée de
la nuit.
La descente
faite de désespoirs
sans s’achever
entraîne un autre éveil :
qui est l’inverse
du désespoir.
À ce que nous n’achevons pas, à ce
qui est refusé à l’amour,
à nos espoirs perdus –
succède une descente
infinie, inéluctable .
Paterson - Traduction Yves Di Manno.
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