tissé-croisé par la pluie - Arno Schmidt


Arno Schmidt



Dans notre goutte d'eau : un cône métallique bleu vint à ma rencontre ; dans l’œuf de visée 2 obtus noyaux oculaires.

Ensuite un jaune paille : sous la membrane trouble du plasma on divisait de larges cellules, des tentacules pendaient ; ça avait en haut une tête ciliée-ligaturée, teinte Romanoffski ; et passa à côté de moi avec un tic-tac mouillé. Des Volkswagen rotiféraient. Pas loin derrière sur la place dérivait aussi la méduse-pébroc. (Assez, maintenant!).

Nous nous affairions ainsi dans l'azote avec des gestes anaérobies (il y en eut un à l'instant même qui confirma solennellement avec un beau long signe des bras), nous, sur le fond de notre étang d'air, et les arbres oscillaient aquaplantiques. Ma chaussure gauche me regardait froidement avec sa rangée d'œillets.

(L'intelligence paralyse, affaiblit, entrave ? : vous allez être surpris ! : elle rend vif comme un terrier!!).

: « Comptez ! » : (arbres ruisselants aux bras croisés stoïquement) ; mais alors, au dit commandement du vent, ils jetèrent leurs têtes les unes contre les autres ; sur tout le long de la grande route.

La rue faisait des glissades devant moi. Un cheval éploré me regarda à travers des lentilles. Puis je fus contraint de prendre à droite ; comme l'avaient voulu les anciens maçons, dans leur canal de pierre. (La pluie percuta plus doucement mon toit crânien ; le bloodstream golfait ; autour de moi des membres pendaient, se tenaient debout : lorsqu'on “voulait”, un pouce bougeait).

Dans le bourg : colombage noir et rouge ; (à présent soyons systématique : moi, tissé-croisé par la pluie) ; avec des toits doucement effervescents : à certains étaient suspendus des serpents de tôle, courbaient péniblement la gueule et vomissaient, par à-coups, sans répit.

Souvenirs de la poignée de port d'un magasin”. (Il y a bien une “Autobiography of a Pocket-Handkerchief” ; pas assez bon, malheureusement).

Un visage en pelures de patates : sa branche grise rameuse s'empara d'une boîte de lait ; l'orifice-bouche souffla 4 plaquettes de syllabes noires : ”” ; (alors payons ; sur la peau-rouge rongée du comptoir). «  Ohff : zâbitt au bougrue ! » (la localité est donc partagée en un “bout grue” et un “bout huppé” ; intéressant au fond ; la voix mécheuse aussi ; mais c'est pas ainsi qu'on trouvera.  : les coiffeurs ? les aubergistes ?? )





Arno Schmidt – Das steinerne Herz – 1956
traduction Claude Riehl – Le cœur de pierre
Tristram - 2002




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