Ce matin-là Good fut réveillé
par la Zilefrina qui, malgré la consonance du mot, n'est ni une
héroïne fellinienne ni une entraîneuse zuni, mais un vent coulis
glacial (que les Mex et les Coyoteros appellent lou
Chourêdou)
qui, né dans les neiges des montagnes du Nord, se glisse partout,
entre les collines, les prairies, les forêts, les clairières, les
arbres, les feux de camps, les vêtements, les poils, la peau, les
os, et retour par le chemin inverse après s'être attardé dans les
os – et qui correspond à la mise en route de la clim' divine par
l'épouse du dieu local contre l'avis de son mari (ils ne sont jamais
d'accord pour savoir s'il faut ou non mettre une couette, passent
leurs nuits à se tirer la couverture, jusqu'à faire chambre à part
quand ils ne s'entendent vraiment plus sur rien – et c'est là que
l'épouse branche la Zilefrina).
Il
fut simultanément réveillé par Doggy Dog, les quatre pattes
plantées sur son estomac, réclamant un petit-déjeuner chaud, car
lui aussi se les caillait – la Zilefrina était entrain de
s'immiscer entre les poils de ses belles franges dorées et ses os
viellissants. Exaspéré que son maître ne réagisse point, il se
mit à hurler à la mort.
– Je
ne suis pas mort, imbécile heureux ! fit Good en bondissant sur
ses pieds, culbutant Mittwoch cul par-dessus tête.
C'était
bien parti, ce matin, ça soufflait bien le froid et le chaud.
La
Zilefrina avait un bon côté : au vu de ses vertus de séchage
accéléré, elle était l'alliée précieuse de toutes les
lavandières du Nord-Est du Mexique, s'arrangeant d'ailleurs tout
exprès pour souffler le lundi matin, comme chacun sait jour
universel de lessive jusqu'en ces minuscules parages circonvoisins.
Good
fit donc sa petite lessive puis il fit sécher ses chaussettes sur
une souche sèche pour chasser sans son chien.
Charlie
Galibert – L'Autre
Anacharsis
- 2008
Aucun commentaire :
Enregistrer un commentaire