James Joyce par Pierre Le-Tan |
Et
par le même chemin s’écoulent d’innombrables troupeaux de
sonnaillers et de massives mères brebis, de béliers à leur
première tonte, d’agneaux, d’oies d’automne, de jeunes bœufs,
de juments renâclantes, de veaux étêtés, de moutons angoras et de
moutons de parcs, de bouvarts de chez Cuffe et de bêtes impropres à
la reproduction, de truies et de cochons bien doublés, et les
variétés les plus diversement variées des pourceaux les plus
distingués, des génisses du comté d’Angus, des bouvillards au
pedigree sans tache avec les jeunes laitières primées du herdbook
et les.bœufs : et là se fait entendre un perpétuel piétinement,
caquettement, mugissement, beuglement, bêlement, meuglement,
grondement, rognonnement, mâchonnement, broutement des moutons et
des porcs et des vaches à la démarche pesante venus des pâturages
de Lush et de Rush et de Carrickmines et des vallées baignées
d’eaux courantes de Thomond, des marécages de l’inaccessible
M’Gillicuddy et du seigneurial et insondable Shannon, et des pentes
douces du berceau de la race de Kiar, leurs mamelles distendues par
la surabondance du lait, et enfin dénient des barriques de beurre et
de petit-lait et des tonnelets et des poitrines d’agneaux et des
mesures de froment et des œufs oblongs par mille et mille, de toutes
grosseurs, d’agate et d’ambre.
James
Joyce – Ulysse
Traduction
Auguste Morel, Valéry Larbaud,
Stuart
Gilbert, James Joyce
Gallimard
– 1957
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