Plan et vue en perspective de la ville contemporaine de Le Corbusier. |
La poésie du futurisme, c’est la poésie de la ville, de la ville
contemporaine. La ville a enrichi nos expériences et nos impressions
d’éléments nouveaux qu’ignoraient les poètes du passé. Nous, citadins,
nous ignorons les forêts, les champs et les fleurs, nous ne connaissons que les tunnels des rues avec leurs
mouvements, leur bruit grondant, leurs lueurs fugitives, leur éternel va
et vient. Le mot ne doit pas décrire, mais exprimer par lui-même. Le
mot a son parfum, sa couleur, son âme. Or le rythme de la vie a changé.
Tout a acquis une rapidité fulgurante comme sur les bandes du
cinématographe. Les rythmes lents, calmes, réguliers de l’ancienne
poésie ne correspondent plus au psychisme du citadin d’aujourd’hui. La
fièvre, voilà ce qui symbolise le mouvement de la vie contemporaine.
Dans la ville, il n’y a pas de lignes régulières, arrondies, mesurées.
Les angles, les ruptures, les zigzags, voilà ce qui caractérise le
tableau de la ville. Dans le domaine du langage, ce sera la rudesse du
ton parlé, des sonorités grinçantes ou rauques, les images brutales,
aiguës comme des cure-dents.
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