Down by law - Jim Jarmusch |
« - Ce que vous
voulez avant tout, c'est continuer à vivre comme si de rien
n'était. C'est pourquoi
vos revendications vont toujours dans le sens d'une amélioration
matérielle du régime pénitentiaire. J'ai pas ci
donne-moi ça, j'veux embrasser ma maman, areu-areu ça
fait quinze ans qu'on me sert un biberon froid tous les matins, etc.
Vous avez une mentalité de nourrissons syndiqués. Alors
le ministère fait semblant de se faire tirer l'oreille, il
vous envoie les CRS pour donner à croire qu'il vous prend au
sérieux, mais au fond, il se frotte les mains. C'est bon, très
bon ça, se dit-il. Nos petits ont enfin une conscience de
classe, ils sont mûrs pour l'incompressibilité des
peines. Car de même que les ouvriers ne manifestent pas pour
qu'on supprime leur usine, vous, vous ne vous mutinez pas pour sortir
de prison. Vous voulez seulement y être bien. La qualité
de la vie intra-muros
indexée sur le progrès social extra-muras.
Alors, peu à peu, les prisons vont se transformer en HLM avec
eau chaude sur l'évier, vide-ordures incorporé et la
sacro-sainte télé. Au fond, vivre dedans, vivre dehors,
hein, pourvu qu'on n'ait pas froid aux pieds...
- T'as
pas le sentiment d'exagérer un peu ?
- A
peine. On a évacué la tragédie de la sphère
sociale, et l'homme a rapetissé. Il n'y a plus que des
dérives, des nuisances, des pollutions, des problèmes
et des malaises. Prends le crime, par exemple. C'est grand, ça,
le crime ; c'est vertigineux, c'est métaphysique, ça
ébranle les fondations du monde ! Demande à
Dostoïevski, tu verras... Eh bien, regarde : aujourd'hui, cela
s'appelle le problème de la délinquance et c'est un
thème électoral. Votez pour moi, je protège
mieux. Avec Peyrefitte, le loup prend la fuite. Ce n'est plus
l'Etat-providence, c'est l'Etat-ange gardien... de la paix. Et vas-y
que je t'amalgame : les fous de Dieu, les violeurs de l'Ardèche,
le gang des postiches et les beurs des Minguettes. Tout ça,
messieurs-dames, c'est des nuisances affreuses qui vous empêchent
de vivre en paix. En paix, c'est-à-dire en toute sécurité
et en toute liberté. Et vlan ! Autre amalgame, permettant
d'introduire en douce une nouvelle définition de la liberté,
une liberté par vertigineuse du tout, celle-là, pas
métaphysique du tout, je te prie de le croire : être
libre au XX° siècle, c'est être bien tranquille au
chaud dans ses pantoufles. Et les taulards, qui ne veulent pas être
en retard d'une mode ni d'un siècle, de réclamer leur
paire de charentaises. Normal. Ils veulent être libres, quoi,
merde alors ! »
Et
je ponctuait ma diatribe d'un ricanement de mépris.
Claude Lucas - Suerte, l'exclusion volontaire
Terre Humaine, Plon - 1996
un blog qui donne le goût de se lancer dans le vol à l'étalage...
RépondreSupprimerlongue vie aux chouraveurs.
Supprimer& que dire du maquillage...
camoufler un volvo en bécane
maquiller une glace en iguane
du grand art
le vol & le recel mènent aussi bien au trou
l'autre s'en fout
l'autre pisse sur le flic
l'autre fume des cigarillos
bienvenue dans la raïa Pat.