copié-collé 2010 - Murièle Carmac



Don Hudson


.1.

le romani, apparenté à l’hindi, existe depuis plus de mille ans
ce que nous avons vu, c’est une politique cohérente et systématique en faveur de la classe dominante
un réalisateur français, d’origine algérienne, s’est autorisé à voir la guerre d’Algérie de « l’autre côté »
bien conseillés par des avocats fiscalistes, les contribuables les plus aisés peuvent ainsi se rapprocher de l’impôt zéro et parfois l’atteindre
on a des codes : honneur, respect, famille, ne pas s’attaquer aux pauvres, aux enfants ou aux vieux
permettre à la finance d’asseoir son pouvoir sur l’économie et de transformer la bourse en casino
sur une superficie comparable au tiers de la France vivent 120 000 âmes : les ethnies Curripaco, Baniva, Yanomani, Baré, Saliva, Yabarana, Jiwi, Piaroa, Piapoco, Cubeo, Panare
aujourd’hui, globalement, ce sont les entreprises qui financent les actionnaires au lieu du contraire
un poème ou une nouvelle, chez lui, c’est un peu la même chose : un fragment, une déflagration, des flots d’amertume, des césures, des silences
d’autres diraient pure banalité, d’autres diraient encore affreux désespoir

.2.

le logiciel néolibéral est toujours le seul présenté comme légitime, malgré ses échecs patents
la première population rom arrive en France en 1420
l’explosion des dettes publiques est la conséquence des plans de sauvetage de la finance et de la récession provoquée par la crise bancaire
la loi du 23 février 2005 reconnaissait le « rôle positif » de la colonisation
les salariés de l’équipement automobile Continental ont été licenciés en 2010 alors qu’ils avaient accepté, deux ans plus tôt, les sacrifices financiers que leur demandait la direction en échange d’un hypothétique maintien d’emploi
la famille joue un rôle très important
les discours martiaux du « tout sécuritaire » compliquent énormément le travail des policiers sur le terrain
cuisiner relève de la lenteur et de l’ombre
il s’agit bien d’adapter, coûte que coûte, les sociétés européennes aux exigences de la mondialisation
peut-on parler de noir et blanc comme on l’entend d’ordinaire ? si ses blancs à l’inquiétante radicalité évoquent bien souvent des précipices, ce sont paradoxalement ses noirs ténébreux qui nous empêchent d’y tomber
 

Photo Andreas Gursky: La bourse de Tokyo


Comment ouvrir le poème au monde de l’argent et du pouvoir, qui sont si manifestement ses antithèses ?
Je n’ai pas vraiment trouvé de réponse. Victor Hugo a fait de très beaux poèmes politiques… Mais c’était une autre époque, et puis c’était Victor Hugo.
Malgré tout, j’essaie. Ne trouvant pas crédible (pour l’instant, en tout cas) de parler moi-même, en mon nom, de tels sujets, j’ai décidé d’emprunter les discours des autres. J’ai donc réalisé deux séries de « copié-collé » à partir de phrases trouvées dans des journaux et des magasines en 2010.
La première de ces deux séries est parue récemment dans le n° 42 de Traction-Brabant. Patrice Maltaverne (le patron du poézine) l’avait légèrement modifiée, avec mon plein accord bien sûr ; je donne ici la version première.

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