[photo : Joëlle Olivier]
19.01.13
• à six heures je quitte C* désert et noir pour la gare (falots réverbères, la ville qu’au bout d’un bon an, scandaleusement je ne connais que peu) — asphalte embu flanqué de neige, de gros blanc dense, quasi non entamé hors virages — là soupe vitreuse, très mâchée déjà par des roues & à son eau peu à peu rendue — le bitume humecté crépite
• métro aérien partout la neige, de vastes pages de neige, toits & grands aplats, pans d’immeubles, dalles et assimilés vers Bercy — la neige qu’à voir on croit avoir dans les oreilles mais en chaud, l’ouate activant ses effets de la vision à l’ouïe, l’ouate en couverture tirant le monde à soi
• et depuis l’aérien la petite broutille émouvante dans les fenêtres qui s’allument, des carrés melliflus dans quoi l’on commence à s’activer sous ce que je vois de neige dessus, de neige à droite et puis de neige à gauche, la petite intime effusion amortie dans la congère, plein des entités qui palpitent (on songe à ces documentaires où, à la saison froide, on introduit des caméras dans un terrier pour voir vaquer qui l’occupe)
• train : je dors un peu, penchée sur J* qui sombre aussi — rien — nous comptions voir des paysages de neige, quand nous nous réveillons ils sont passés, ils ont neigé sans nous — rien pour nous du clapi, du calfeutré, du silencieux ni du moelleux, déjà laissant le pas à des géométries trempées, des régions gorgées d’eau et clapotant, à la neige qui absorbe (avale, ingère, digère) les images aussi bien que les sons (en lieu et place d’elle) se substituent des reflets dans les flaques vastes, les reflets durs, des reflets tranchant vifs les ciels qu’ils exhibent, et les flaques vastes aussi, insinuées celles-ci dans les contrées boisées telles que des lames entre les fûts couleur de chique, eux-mêmes rendus à l’humectation, les grands troncs tout rendus à la mastication
• à six heures je quitte C* désert et noir pour la gare (falots réverbères, la ville qu’au bout d’un bon an, scandaleusement je ne connais que peu) — asphalte embu flanqué de neige, de gros blanc dense, quasi non entamé hors virages — là soupe vitreuse, très mâchée déjà par des roues & à son eau peu à peu rendue — le bitume humecté crépite
• métro aérien partout la neige, de vastes pages de neige, toits & grands aplats, pans d’immeubles, dalles et assimilés vers Bercy — la neige qu’à voir on croit avoir dans les oreilles mais en chaud, l’ouate activant ses effets de la vision à l’ouïe, l’ouate en couverture tirant le monde à soi
• et depuis l’aérien la petite broutille émouvante dans les fenêtres qui s’allument, des carrés melliflus dans quoi l’on commence à s’activer sous ce que je vois de neige dessus, de neige à droite et puis de neige à gauche, la petite intime effusion amortie dans la congère, plein des entités qui palpitent (on songe à ces documentaires où, à la saison froide, on introduit des caméras dans un terrier pour voir vaquer qui l’occupe)
• train : je dors un peu, penchée sur J* qui sombre aussi — rien — nous comptions voir des paysages de neige, quand nous nous réveillons ils sont passés, ils ont neigé sans nous — rien pour nous du clapi, du calfeutré, du silencieux ni du moelleux, déjà laissant le pas à des géométries trempées, des régions gorgées d’eau et clapotant, à la neige qui absorbe (avale, ingère, digère) les images aussi bien que les sons (en lieu et place d’elle) se substituent des reflets dans les flaques vastes, les reflets durs, des reflets tranchant vifs les ciels qu’ils exhibent, et les flaques vastes aussi, insinuées celles-ci dans les contrées boisées telles que des lames entre les fûts couleur de chique, eux-mêmes rendus à l’humectation, les grands troncs tout rendus à la mastication
√ un peu avant Bordeaux :
les vignes dépouillées, que la vitesse du train change
en champs plantés, en carrés piqués d’allumettes
prune, prune et torses
√ la Garonne : je
l’aperçois, fer, entre les croisillons d’un pont fer qu’on
franchit, entre la pluie goutte à goutte en biais sur le
Securit, bref : Bordeaux hachuré
Danièle Momont & Joëlle Olivier on board : L'escargot fait du trapèze
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