Zad Notre Dame des Landes |
Bar-sur-Aube
ou un aultre, tout corps, every body, qui porte en teste la bastard
battle complète
et tient encor
les armes, en tous lieux la portera et en écho par les siècles.
Et ainsi ja
l'hystoire ne finira.
[…]
C'est ainsi que le quatre
septembre mil quatre cent trente sept, nous aultres sept samouraïs
avons pris Chaumont ville et chasteau, et c'est ainsi que le cinq du
mesme mois mil quatre cent trente sept, à prime, tant court vitement
le bruict, nous recevions toute la menuaille des gens de la hourde
d'Enguerrand, demandant asile et résolus à défendre les murs, item
gens de commerce anciennement enfuis ou chassés, item divers
artisans.
A none, porte Arse, se
présenta Oudinet le novice de Fontenay. Tout couvert d'emplâtres
mais gigolant, il courut se jeter dans les braz d'Akira en l'appelant
Senseï ! Senseï ! Il voulait se battre.
De dedans les murs,
ressortirent par enchantement fruictiers et cousturiers, tisserands,
tourneurs, hoirs et febvres. Jehan Humblot, armurier au 12 de la rue
du Donjon, nous ouvrit sa boutique et proposa de renflouer le magasin
commun de la tour porte Arse.
A vêpres, il en venait de
partout. De la rue des Poutils, Gillot Bourdon, Guillaumot, Voidey ;
de la rue Chye-en-Pot , Miremont et Gillot, une femme dite la
Florinière ; de la rue Devant-le-Moustier, Perrin Binicole,
Barbelet, Herbinot, Testinot et Voillemin, Le Normant ; de la
rue Sire-Erard, Perrinot dit Boichotte, Perrin Gurgey, Jehan le
Parcheminier ; d'aultres de la rue Brabant ; Perrin
d'Angeville, Jehan Nitot, Pierrot Fagotin, tonnelier, de la rue
Chaude ; item en liesse, l'équipage entier de la rue des
Estuves qui furent tous compères et commères de ressource, je dys :
Vuillemin Gras Pourcel, Jeannette le Rosty, Jacquot le Robour, Viard
le Ménestrier, Girot le Lactoy et la belle Marguerite.
Tout ce monde se rassembla
dans la grande salle du palais royal pour parlements. D'où il
ressortit qu'ils étaient dépités du roy de France et du duc de
Bourgogne à part égale puisqu'aulcuns des deux n'avoient eu bon gré
de porter secours à leur ville sacquementée par le bastard. Au
sujet d'icelui, chascun était prêt à l'estraper de ses mains et
mortir de malemort. Et quant au reste : pain, vin, viande et vin
en partage.
[…]
— Mais foutredieu
qu'avez-vous donc à maudire de moy ? Ne suis nicet baudet, ne
agnelet ne angelot, suis capitaine d'escorcheurs ! Qu'ai-je
faict que ne fait tout seigneur ? Accraser, piller, rançonner,
et quoy d'aultre ? Et Xaintrailles en Anjou ? Et la Hire en
Languedoc, ont-ils fait moins ? Ont-ils fait mieux ?
Sont-ce enfans de chœur à vos oeilz ? Vous n'entendez rien !
En moy n'a ni venin ni fiel, aulcune cruauté dans mes agissements.
Je suys puissant et le vray puissant est celui qui se maintient.
— Dans le sang ? Dans
le sang des paysans, des gueux, des vieillards et des jouvencelles ?
dans le sang des moynes de Fontenay ?
— Oui dans le sang !
Dans le sang et l'ordure, sur le haut du fumier, seul lieu pour un
trône. Le roy lui-mesme a pillé cette année le trésor des
églises, les marchands, les marchandes, pour la reprise du chasteau
de Montereau, repris, d'où sont partis les Angloys, sauves leurs
vies ! Sauves leurs vies vous m'entendez ! Trois cents
murdriers et larrons, godons, ennemys, relaschés par le roy,
descendant la Seine en bateaux lourds et chargés de biens. Les
églises pillées pour ce faire, les bourgeois rançonnés. Et c'est
moy le bastard ?!
[…]
Céline Minard - Bastard Battle
Éditions Laureli Léo Scheer - 2008
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