Enfin on avait réussi à ramener les morts à la vie - Arno Schmidt






C'est effroyable comme il bâfre !
(Jean Paul)

Enfin on avait réussi à ramener les morts à la vie ; ou, pour être plus précis : rappeler pour un court laps de temps des gens qui avaient subi l'épreuve de leur première vie et de leur première mort (jesaisjesais ; pour être exact je devrais dire : leur n-ième vie ; et à présent ils se trouvent dans n plus 1. - Naturellement il n'y avait pas la moindre relation avec les théories du Christianisme sur l'immortalité ; une fois encore c'était tout autre).
Mais à quoi bon de longues explications ; la chose elle-même est connue de tout enfant, surtout depuis que Knaur y a consacré une édition grand public (sans même parler du "Bonjour immortalité" de cette Parisienne de 11 ans. Et du livre de poche chez Rororo).
Bien sûr, 15 heures c'est pas beaucoup, j'en conviens ; mais c'est déjà pas mal de pouvoir s'entretenir ante portas avec Hannibal. (Bien que cela eût donné lieu aussitôt aux premières fausses notes : Walther von der Vogelweide s'était rudement plaint de la manière bouffonne dont les germanistes prononçaient le moyen haut allemand. Et pour la byzantine Théodora, on s'était trouvé placé devant ce dilemme désespérant : les professeurs de grec ne pouvaient plus vraiment ; et ceux qui pouvaient bien, ne savaient pas assez le grec !). Car c'était là le problème : tout revenant devait évidemment être "guidé" ! ("Pour compenser la différence de niveau de civilisation", avait-on pris l'habitude de dire de façon distinguée et officielle ; donc, dit tout crûment : pour éviter qu'il ne se fasse renverser et arrêter trop souvent ; certes, il ne pouvait pas arriver grand-chose au "Vieux", mais on perdait un temps précieux. Pour le "guide" on contractait une assurance-vie complémentaire limitée à 24 heures - mais dont la validité n'était pas sans poser sans problème : la "police" dans le 811 b donnait à entendre d'une façon pas trop vague, dans une langue qui était mixte de la "Critique de la Raison pure" et de "Finnegans Wake", que des antitrinitaires, surtout si on leur avait ne serait-ce que partiellement enlevé les amygdales, seraient privés de toute "indemnité définie par le Code civil" jusqu'au moment "ou l'ensemble distributif de l'usage empirique, qui se tient à la pointe de la praticabilité de toutes choses aura fourni les modalités effectives de leur détermination générale" !).
Donc les peintres si possible par des peintres (on a ainsi à peu près les mêmes défauts de caractère) ; les écrivains par des écrivains, rien que des Fugger & Welser.
Et des combinaisons très intéressantes avaient déjà été formées ! Le général Dr., du haut commandement de l'OTAN, avait eu Aetius (très juste : 451 ; bataille des champs Catalauniques - accessoirement on avait enfin trouvé où ceux-ci étaient situés) pour le conduire à travers l'Allemagne de l'Ouest. (Mais l'autre se serait déclaré très sceptique ; les procès-verbaux ont été bien entendu tenus secrets, malgré une "question au gouvernement" du SPD ; on aurait simplement dit : qu'il se serait..... Oui, je ne sais plus très bien ; en tout cas dans le communiqué il y avait deux fois "occidental-chrétien").
((On chuchotait même que les Américains avaient déjà consulté Hitler - à cette occasion on découvrit combien de milliers d'Allemands, sur la seule foi d'une rumeur, s'étaient proposés pour servir de guide spécialement pour cette sortie-là ! En fin de compte on avait obtenu R., le célèbre grand vieillard de la politique - mais je ne veux pas m'engager, ça pouvait être tout aussi bien l'autre !)).

Arno Schmidt - Goethe et un de ses admirateurs - 1958
Traduction Claude Riehl - Editions Tristram - 2006 - pp 5-6

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