à chaque jour sa fête suprême ou sa vacuation !
on consultera le calendrier du collège de pataphysique ici
L'ère Pataphysique commence le 8 septembre 1873, qui d'ores en avant prend la dénomination de 1er du mois Absolu An 1 E.P. (Ère ’Pataphysique).
Gervaise
reprit lentement sa marche. Dans le brouillard d’ombre fumeuse qui
tombait, les becs de gaz s’allumaient ; et ces longues
avenues, peu à peu noyées et devenues noires, reparaissaient toutes
braisillantes, s’allongeant encore et coupant la nuit, jusqu’aux
ténèbres perdues de l’horizon. Un grand souffle passait, le
quartier élargi enfonçait des cordons de petites flammes sous le
ciel immense et sans lune. C’était l’heure, où, d’un à
l’autre des boulevards, les marchands de vin, les bastringues, les
bousingots, à la file, flambaient gaiement dans la rigolade des
premières tournées et du premier chahut. La paie de grande
quinzaine emplissait le trottoir d’une bousculade de gouapeurs
tirant une brodée. Ça sentait dans l’air la noce, une sacrée
noce, mais gentille encore, un commencement d’allumage, rien de
plus. On s’empiffrait au fond des gargotes ; par toutes les
vitres éclairées, on voyait des gens manger, la bouche pleine,
riant sans même prendre la peine d’avaler. Chez les marchands de
vin, des pochards s’installaient déjà, gueulant et gesticulant.
Et un bruit de tonnerre de Dieu montait des voix glapissantes, des
voix grasses, au milieu du continuel roulement des pieds sur le
trottoir. "Dis donc ! viens-tu becqueter ?... Arrive,
clampin ! je paie un canon de la bouteille... Tiens ! v'la
Pauline ! ah bien ! non, on va rien se tordre !"
Les portes battaient, lâchant des odeurs de vin et des bouffées de
cornet à pistons. On faisait la queue devant l’Assommoir du père
Colombe, allumé comme une cathédrale pour une grand-messe ;
et, nom de Dieu ! on aurait dit une vraie cérémonie, car les
bons zigs chantaient là-dedans avec des mines de chantres au lutrin,
les joues enflées, le bedon arrondi. On célébrait la
sainte-touche,
quoi ! une sainte bien aimable, qui doit tenir la caisse au
paradis. Seulement, à voir avec quel entrain ça débutait, les
petits rentiers, promenant leurs épouses, répétaient en hochant la
tête qu’il y aurait bigrement des hommes soûls dans Paris, cette
nuit-là. Et la nuit était très sombre, morte et glacée, au-dessus
de ce bousin, trouée uniquement par les lignes de feu des
boulevards, aux quatre coins du ciel.
Émile
Zola – L'Assommoir
Le
livre de poche - 2000
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