On publiera de belles choses sur
l'énergie spirituelle des captifs. Et on ne dira rien des cabinets.
C'est pourtant ça l'important. Cette fosse à merde et ce méli-mélo
de larves. Toute l'abjection de la captivité est là, et l'Histoire,
et le destin. En voilà un bouquin que j'aurais aimé écrire. Bien
simplement, bien honnêtement. Un bouquin désolant, qui aurait
l'odeur des cabinets et il faudrait que chacun la sentît et y
reconnût l'odeur insoutenable de sa vie, l'odeur de son époque. Et
que toute l'époque lui apparût comme une mélasse d’êtres sans
pensée, sans squelette, grouillant dans les cabinets, comme nous,
s'emplissant et se vidant avec gravité, sans fin et sans but. Et que
le sens, le non-sens de l'époque fût là-dedans, visible, lisible,
incontestable.
Georges
Hyvernaud – La peau et les os
Éditions
du Scorpion - 1949
J'adore ce passage. Je ne connais absolument pas cet auteur même si.il me semble avoir déjà entendu ce nom....
RépondreSupprimerN'est-ce pas !
RépondreSupprimerUn gars qui voit bien que ça ne sert à rien de péter plus haut que son cul...
J'ai lu aussi " le wagon à vaches ".