En voyant ces spectacles, j’ai voulu rire comme les autres ; mais, cela,
étrange imitation, était impossible. J’ai pris un canif dont la lame
avait un tranchant acéré, et me suis fendu les chairs aux endroits où se
réunissent les lèvres. Un instant je crus mon but atteint. Je regardai
dans un miroir cette bouche meurtrie par ma propre volonté ! C’était une
erreur ! Le sang qui coulait avec abondance des deux blessures
empêchait d’ailleurs de distinguer si c’était là vraiment le rire des
autres. Mais, après quelques instants de comparaison, je vis bien que
mon rire ne ressemblait pas à celui des humains, c’est-à-dire que je ne
riais pas.
Lautréamont
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