Sancho Pança, qui ne s'en est
d'ailleurs jamais vanté, réussit au cours des années, en dévorant
des histoires de brigands et des romans de chevalerie pendant les
nuits et les veillées, à détourner entièrement de soi son démon.
Il fit si bien que celui-ci - qu'il appela plus tard Don Quichotte -
se jeta désormais sans frein dans les plus folles aventures : elles
ne nuisaient à personne faute d'un objet prédestiné qui aurait dû
être précisément Sancho Pança.
Sancho Pança, peut-être mû par un
certain sentiment de responsabilité, Sancho Pança, qui était un
homme indépendant, suivit calmement Don Quichotte dans ses équipées
et en tira jusqu'à son dernier jour une grande et utile distraction.
Franz Kafka - La Muraille de Chine
traduction - Jean Carrive & Alexandre Vialatte
Très bonne idée que de diffuser ce texte. Merci pour ce blog généreux et pour l'élégance du lien
RépondreSupprimerD'ailleurs, un de ces jours l'Autre Hidalgo devrait présenter d'autres extraits de la Muraille de Chine...
RépondreSupprimerMerci kwarkito pour la sensibilité de votre blog : http://kwarkito.blogspot.fr/...