Gravure Charles Pennequin |
Ça ne peut plus durer comme ça. Il y a quelque chose qui ne va pas. Dans
l’utilisation faite du mot poésie, dans l’utilisation qui est faite du
mot. Ce n’est pas possible. Il faut faire quelque chose. On se retrouve
dans n’importe quoi, la divagation, on sait plus où on met les pieds, il
y a tout et rien, personne ne sait plus ce qu’il fait, ça ne veut plus
r i en di r e . La pens é e c r é at r i c e , l a be aut é
ve rba l e sont réduites à des frivolités municipales, à des claquements de mains,
s’engluent dans la bande sonore du championnat américain de basket, dans
le chuchotement de phonèmes murmurés, ça tourne, ça peut tourner
longtemps, occupe, occupe le terrain, lissé, bruisse, chauffe.
C’est chou, chouchou, un chou, deux choux, trois choux, chou hou hou, ou
chou, x, ou gros chou, ou petit chou, mon petit chou, mon grand chou,
grand-maman chouchou, chouchoune, ouch, ouch, ouch, ou
chchchchchchchchch ou pchchch…, chuuu… uut, Tchou !, tchou-tchou-tchou,
chou, c-h-o-u, ou le grand C.H.O.U., le c, h, o, u, x,
Ahgrrchchouououou…, hou…, il était une fois une fille chou qui était
très-chou, suçait, les feuilles de chou, les bouts de chou, les têtesde chou, rentre dans le chou, plante tes choux, échoue à ramer des
choux, ou chou pour chou, où chou est tête et cul, est chèvre et chou,
mâche, se rachète en chou vert, chou rouge, chou frisé, chou blanc.
Cela ne peut plus durer. Cela part dans tous les sens, les poètes créent
sans se soucier des lois des phores. On ne sait plus ce qu’on dit. Les
établissements ont leurs poètes, qui écrivent des poèmes qui n’ont plus
de noms, qui jouent sans peine, et trouvent par-ci par-là, comme par
hasard, de quoi poursuivre, c’est un miracle, dans tous les sens, ils
trouvent de quoi vivre, des raisons, ils n’arrêtent pas. Ça continue. Ça
va continuer, ce n’est pas impossible. Il y a quelque chose qui va, qui
va et qui va et qui dure et qui dure. Quelque chose n’arrête pas de
continuer, qui va aller encore et qui dure. Quelque chose qui peut
continuer comme ça. Qui ne veut pas s’arrêter et qui va durer je ne sais
pas combien de temps, qui va continuer à tourner, comme si de rien
n’était, que rien n’arrête, qui prend de la place, embarrassant la place
de bruits, de sons de dire, de tours de main. Il y a quelque chose qui
prend de la place, qui va dans tous les sens et qui peut durer encore
longtemps. Cela ne veut pas s’arrêter. Cela cont inue . C’ e s t inc
royabl e . Ça va dur e r. Ça peut dur e r encor ecomme ça.
Merci à Poésie, Musik, Etc...
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