Hokusaï |
"Le jeûne de l'amour aboutit ICI"
Henri Michaux, In "Chemin Cherché"
Henri Michaux, In "Chemin Cherché"
I
Chaque jour à l'aube
LA DEFERLANTE
A l'assaut de la colline
monte la pente
A midi se retire
à perte de vue à perte de vie
brave les algues de l'oubli.
Quand s'ouvrira la porte, jouant la proue
elle fera fi
de ces turgescences marines
Fera feu et flamme et fer rougi
poussé à bout
poussé à blanc
pour abattre à bout portant
le héros du crime
II
Toi
A la fois
dans le même temps
mon rêve
et mon cercueil
que j'enlace, et le griffe et le délace.
Je te dégrafe
et te brasse et t'émonde
le mouds, le broie
me recueille…
et me lance en traverse.
Je prends
la traverse
la voie royale
jeu de paume
jeu de qui perd gagne.
Appel au fou
Appel au feu
Sous le feu près du fou garde-flamme
peut-être est-ce maintenant
que l’amour
en est à son commencement.
III
Nous étions
coques confondues
lianes enlacées
Aujourd'hui - déjà - nous serons
coquilles ou chèvrefeuille
et tout ce que le ciel inventera.
Et si les mots à dire
jouaient à s'inverser?...
Nous serions demain - encore -
coques enlacées
lianes confondues
et coquilles enroulées
chèvrefeuilles retournés
chèvres effeuillées
feuilles imbriquées.
Retournés enroulés fondus et enlacés,
dans la fournaise
les chevaux tireraient des bords
les oiseaux fuiraient les jeux de l'air
les bateaux blancs battraient des ailes .
Sable et neige sublimés
sur la couche se fondent en un les vivants, les vitraux,
un gisant à deux dos se retourne
se déhanche.
L'homme sirène
et la femme centaure
pénètrent de concert
la mer sans un pli
le désert sans un souffle
(où gronde en sourdine
venant de loin, allant très loin)
le désir sans ride
IV
A l'aveugle musical
au sourd voyageur
les mots sont rares et difficiles, le travail factice.
Sa chevauchée ne déjouera
jamais les mystères de l'être.
Sur quelle courbe peser
descendre quelle rivière
quel océan atteindre
par-delà les frontières de liesse...
Renouveau, Renouveau, pourquoi as-tu fui
toi qui portais le monde en semence?
La vague
à l'âme mêlée installe sa métaphore
fourrage la solitude à l'excès
l'abandon sur sable en mouvance.
A garder racine, on perd mémoire pour demain
jouxtant le vide, la dérive
on cherche, on somnambule.
Là où mène le cirque vital
on dérape, on dérange, on déjauge
on hasarde on limoge.
Le dédale des murs mitoyens délite, lézarde
le pire du dedans - la furie -
l'envers du décor, la fureur sous la mort.
S'abstraire
retrouver, conquérir le silence hautain,
Signifier à l'oiseleur
son congé
(veut)
dire aussi
LIBERTE
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