Tu te lèves. Ma carcasse grince un peu au fond du lit. Il faudrait
plusieurs hommes avec des cordes pour me tirer de là. Ou bien simplement
quelques paroles qui sonneraient juste. Il arrive que la force
m'abandonne. Qu'elle me laisse pour mort au fond des draps, quelques
rêves transpercés me dégoulinant des yeux. Il m'arrive de me vider de
mes rêves jusqu'à la dernière goutte. Parfois le vent ou la pluie
parviennent à me tirer de mon trou. Ils frappent un peu contre les
volets pour m'inviter à prendre un verre à la fenêtre, puis finalement
me jettent sur le canapé. Ce matin encore tu te lèves, et je ressemble à
un dinosaure que la nuit a changé en fossile. Puis je t'entends sortir
et tes pas dans la cage d'escalier sont ceux d'un archéologue qui part
fouiller le monde. Je me rassure. Je me dis que si tu rentres bredouille
à midi, il y aura toujours cette carcasse de dinosaure fossilisée qui
t'attend sur le canapé du salon.
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