En dévorant des histoires de brigands - Franz Kafka







Sancho Pança, qui ne s'en est d'ailleurs jamais vanté, réussit au cours des années, en dévorant des histoires de brigands et des romans de chevalerie pendant les nuits et les veillées, à détourner entièrement de soi son démon. Il fit si bien que celui-ci - qu'il appela plus tard Don Quichotte - se jeta désormais sans frein dans les plus folles aventures : elles ne nuisaient à personne faute d'un objet prédestiné qui aurait dû être précisément Sancho Pança.
Sancho Pança, peut-être mû par un certain sentiment de responsabilité, Sancho Pança, qui était un homme indépendant, suivit calmement Don Quichotte dans ses équipées et en tira jusqu'à son dernier jour une grande et utile distraction.


Franz Kafka - La Muraille de Chine
traduction - Jean Carrive & Alexandre Vialatte
Gallimard - 1975 

Grand merci à kwarkito 



2 commentaires :

  1. Très bonne idée que de diffuser ce texte. Merci pour ce blog généreux et pour l'élégance du lien

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  2. D'ailleurs, un de ces jours l'Autre Hidalgo devrait présenter d'autres extraits de la Muraille de Chine...
    Merci kwarkito pour la sensibilité de votre blog : http://kwarkito.blogspot.fr/...

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