Le train de Tarkos





30/03-30 [tr...trr...trrr...trrrr....trrrrr.....] petit train sur petit chemin carrossable  Tarkos/Suel

saupoudrée de vent - Arno Schmidt






[...]

/ Hffffff - : Fffffff. / : Hfffff : Fffffff. - : « Hein ? : Cet air=là, c'est autchose qu'aux "Ateliers", ness=pas ?! » Et elle, saupoudrée de vent, avec sa cape clapotante, les pieds dans des essuiements de baies, acquiesçait avec zèle.

[...]


Arno Schmidt - On a marché sur la lande
Traduction Claude Riehl
Tristram - 2005 

 

C'est ça - Marie-Christine Bernard



Ann-Kristin Reyels



Marcher dans le champ sur la neige
Caler un peu et penser c'est vrai
C'est la semaine sainte
S'en foutre pendant que Miss Missy court comme une folle
La langue au vent
Avec son sourire de chien
Fendu jusqu'aux oreilles
Contempler ses zigzags anarchiques de bête heureuse et se dire
C'est ça.

C'est ça. 


Marie-Christine Bernard - par-ci, par-là

 

petite louve - Cécile Richard









voulez-vous une petite louve de 600 grammes
dans votre appartement une petite louve animale
une petite louve rivale animale et vous
une petite louve à dominer dans votre appartement sauvage
voulez-vous monsieur devenir le loup dominant
vous monsieur le chef de meute
manger avant la louve
et avec vos hormones devenir le chef dominant
mais vous verrez
la louve à la maison dans l’appartement est une mordeuse
les loups sont de gros mordeurs
une louve est un gros mordeur qui sait casser les os
vous monsieur
vous êtes sous équipé du point de vue des narines
la petite louve qui grandit est super bien équipée
du point de vue de ses narines
vous monsieur
vous êtes nul sur le plan des narines
petite louve est surdouée
petite louve tourne en rond dans l’appartement sauvage
craintive et hardie petite louve
vous affable
sur de vous monsieur dans votre appartement
petite louve attaque en meute
la meute c’est monsieur-madame-mademoiselle
la famille est une meute
la meute des cousins loups est une grande famille
nombreux sont les tontons loups
à 20, 30 tontons loups sur une seule proie
une proie de 500 kilos
petite louve dans l’appartement fait 50 kilos
il y a aussi un chien
il est un peu con
le chien est un loup juvénile
le chien est comme un gamin
le chien est puérile
il a son petit âge mental
petite louve se fout de sa grande gueule
le cerveau du chien juvénile est petit
plus petit que celui de petite louve
petite louve de 50 kilos avec son gros cerveau
se fout de sa grande gueule
le chien est en quelque sorte
un adolescent un peu attardé
petite louve le sait bien
elle a un ascendant sur chien adolescent attardé
petite louve dans votre appartement monsieur
se prend pour un loup dominant
vous devez réagir monsieur
madame-monsieur-mademoiselle sont la meute
sont devenus la meute de petite louve
petite louve est une opportuniste
petite louve a beaucoup de tendresse
petite louve est plus sociable que monsieur-madame
monsieur-madame-mademoiselle jouent à la meute
monsieur-madame jouent au couple dominant de la meute
le couple dominant de monsieur-madame peut se reproduire
petite louve tend le ventre pour un câlin
petite louve est la rivale de monsieur-madame couple dominant
les petits de monsieur-madame deviendront tontons-tatas de la meute
une vraie meute c’est plein de tontons-tatas
petite louve s’assoit et dit quelque chose
mais chien juvénile attardé ne veut pas jouer
chien juvénile s’appelle Garou
petite louve hurle
petite louve fait sa crise
petite louve crie à tous où êtes-vous
je suis bien seule
la meute finit par rentrer vers 17H00
monsieur-madame-mademoiselle rentrent dans l’appartement sauvage
tous avec petite louve chantent
petite louve renifle l’entre-jambe des invités
petite louve a sa fiche de renseignement sur l’invité
le loup dominant a sa queue dressée
monsieur vous êtes le loup dominant de la meute
l’invité a la queue entre les jambes
petite louve a de très beaux yeux mis en valeur
petite louve claque des dents
petite louve ne ment pas
dit ce qu’elle pense
petite louve voit très bien la nuit
monsieur prend bien soin de petite louve
petite louve vous a observé monsieur
prend bien soin de vous
petite louve est heureuse à l’intérieur de la meute
de monsieur-madame-mademoiselle en famille 


Cécile Richard ici &

 

Le vieux mort inconscient - Juanita Pahdopony



An abrupt End - James Huse


Comme une baudruche
je volai dans la pièce
me précipitant en tout sens
dans un grand fracas
de jet d'air chaud
finalement
quand tout l'air se fut échappé
et
qu'il ne resta plus rien
que ma peau brune de caoutchouc
rabougri
gisant silencieuse et immobile
comme une vieille
chambre à air
usagée
une foule se rassembla
et
chacun avait son opinion
sur ce qui était arrivé
au vieux
mort inconscient
moi.


Juanita Pahdopony – Anthologie de la poésie amérindienne
Traduction Manuel Van Thienen
Bacchanales n° 42
Revue de la maison de la poésie Rhône-Alpes – Le Temps des Cerises - 2008


POLITIK PESTACLE... Léon Cobra


L'hertz et le néant :



 


Piraté chez Léon Cobra

 

... même quand les lunes ... - Catherine Ferrière Marzio






Un arbre, pour dormir
dans les ombres des lunes
même quand les lunes
n'y seraient pas
agrandira mes perspectives
de compréhension des mondes
en bas
plus bas que les lunes et les ombres
dans les douceurs des mousses
dans les choses de racines
dans les oublis des cimes...




La Fanfarola - Charles Baudelaire



toute ressemblance avec...






Samuel Cramer, qui signa autrefois du nom de Manuela de Monteverde quelques folies romantiques, — dans le bon temps du Romantisme, — est le produit contradictoire d’un blême Allemand et d’une brune Chilienne. Ajoutez à cette double origine une éducation française et une civilisation littéraire, vous serez moins surpris, — sinon satisfait et édifié, — des complications bizarres de ce caractère. — Samuel a le front pur et noble, les yeux brillants comme des gouttes de café, le nez taquin et railleur, les lèvres impudentes et sensuelles, le menton carré et despote, la chevelure prétentieusement raphaélesque. — C’est à la fois un grand fainéant, un ambitieux triste, et un illustre malheureux ; car il n’a guère eu dans sa vie que des moitiés d’idées. Le soleil de la paresse qui resplendit sans cesse au-dedans de lui, lui vaporise et lui mange cette moitié de génie dont le ciel l’a doué. Parmi tous ces demi-grands hommes que j’ai connus dans cette terrible vie parisienne, Samuel fut, plus que tout autre, l’homme des belles œuvres ratées ; — créature maladive et fantastique, dont la poésie brille bien plus dans sa personne que dans ses œuvres, et qui, vers une heure du matin, entre l’éblouissement d’un feu de charbon de terre et le tic tac d’une horloge, m’est toujours apparu comme le Dieu de l’impuissance, — dieu moderne et hermaphrodite, — impuissance si colossale et si énorme qu’elle en est épique !
Comment vous mettre au fait, et vous faire voir bien clair dans cette nature ténébreuse, bariolée de vifs éclairs, — paresseuse et entreprenante à la fois, — féconde en desseins difficiles et en risibles avortements ; — esprit chez qui le paradoxe prenait souvent les proportions de la naïveté, et dont l’imagination était aussi vaste que la solitude et la paresse absolues ? — Un des travers les plus naturels de Samuel était de se considérer comme l’égal de ceux qu’il avait su admirer ; après une lecture passionnée d’un beau livre, sa conclusion involontaire était : voilà qui est assez beau pour être de moi ! — et de là à penser : c’est donc de moi, — il n’y a que l’espace d’un tiret.
Dans le monde actuel, ce genre de caractère est plus fréquent qu’on ne le pense ; les rues, les promenades publiques, les estaminets, et tous les asiles de la flânerie fourmillent d’êtres de cette espèce. Ils s’identifient si bien avec le nouveau modèle, qu’ils ne sont pas éloignés de croire qu’ils l’ont inventé. — Les voilà aujourd’hui déchiffrant péniblement les pages mystiques de Plotin ou de Porphyre ; demain ils admireront comme Crébillon le fils a bien exprimé le côté volage et français de leur caractère. Hier ils s’entretenaient familièrement avec Jérôme Cardan ; les voici maintenant jouant avec Sterne, ou se vautrant avec Rabelais dans toutes les goinfreries de l’hyperbole. Ils sont d’ailleurs si heureux dans chacune de leurs métamorphoses, qu’ils n’en veulent pas le moins du monde à tous ces beaux génies de les avoir devancés dans l’estime de la postérité. — Naïve et respectable impudence! Tel était le pauvre Samuel.
Fort honnête homme de naissance et quelque peu gredin par passe-temps, — comédien par tempérament, — il jouait pour lui-même et à huis clos d’incomparables tragédies, ou, pour mieux dire, tragi-comédies. Se sentait-il effleuré et chatouillé par la gaieté, il fallait se le bien constater, et notre homme s’exerçait à rire aux éclats. Une larme lui germait-elle dans le coin de l’œil à quelque souvenir, il allait à sa glace se regarder pleurer. Si quelque fille, dans un accès de jalousie brutale et puérile, lui faisait une égratignure avec une aiguille ou un canif, Samuel se glorifiait en lui-même d’un coup de couteau, et quand il devait quelques misérables vingt mille francs, il s’écriait joyeusement :
Quel triste et lamentable sort que celui d’un génie harcelé par un million de dettes !
D’ailleurs, gardez-vous de croire qu’il fût incapable de connaître les sentiments vrais, et que la passion ne fît qu’effleurer son épiderme. Il eût vendu ses chemises pour un homme qu’il connaissait à peine, et qu’à l’inspection du front et de la main il avait institué hier son ami intime. Il apportait dans les choses de l’esprit et de l’âme la contemplation oisive des natures germaniques, — dans les choses de la passion l’ardeur rapide et volage de sa mère, — et dans la pratique de la vie tous les travers de la vanité française. Il se fût battu en duel pour un auteur ou un artiste mort depuis deux siècles. Comme il avait été dévot avec fureur, il était athée avec passion. Il était à la fois tous les artistes qu’il avait étudiés et tous les livres qu’il avait lus, et cependant, en dépit de cette faculté comédienne, il restait profondément original. Il était toujours le doux, le fantasque, le paresseux, le terrible, le savant, l’ignorant, le débraillé, le coquet Samuel Cramer, la romantique Manuela de Monteverde. Il raffolait d’un ami comme d’une femme, aimait une femme comme un camarade. Il possédait la logique de tous les bons sentiments et la science de toutes les roueries, et néanmoins il n’a jamais réussi à rien, parce qu’il croyait trop à l’impossible. — Quoi d’étonnant ? il était toujours en train de le concevoir.

                                [...]


Charles Baudelaire - La Fanfarola - 1847

 

Haikus noirs - Françoise Lonquety



11 & 12èmes semaines du Calendrier Armée Noire :







22 mars - Poules noires


Nouveaux fiancés
ils lancent des fleurs partout
- jour des poules noires




14 mars - Poussière
 

Messe
mendiant
poussière




13 mars - PMUamourGravePute


Hurlant dans la nuit
PMUamourGravePute
- lune de marbre




12 mars - Jour du Faune

Matin de neige -
regarder ses fesses
au calendrier



Une mentalité de nourrissons syndiqués - Claude Lucas




Down by law - Jim Jarmusch

« - Ce que vous voulez avant tout, c'est continuer à vivre comme si de rien n'était. C'est pourquoi vos revendications vont toujours dans le sens d'une amélioration matérielle du régime pénitentiaire. J'ai pas ci donne-moi ça, j'veux embrasser ma maman, areu-areu ça fait quinze ans qu'on me sert un biberon froid tous les matins, etc. Vous avez une mentalité de nourrissons syndiqués. Alors le ministère fait semblant de se faire tirer l'oreille, il vous envoie les CRS pour donner à croire qu'il vous prend au sérieux, mais au fond, il se frotte les mains. C'est bon, très bon ça, se dit-il. Nos petits ont enfin une conscience de classe, ils sont mûrs pour l'incompressibilité des peines. Car de même que les ouvriers ne manifestent pas pour qu'on supprime leur usine, vous, vous ne vous mutinez pas pour sortir de prison. Vous voulez seulement y être bien. La qualité de la vie intra-muros indexée sur le progrès social extra-muras. Alors, peu à peu, les prisons vont se transformer en HLM avec eau chaude sur l'évier, vide-ordures incorporé et la sacro-sainte télé. Au fond, vivre dedans, vivre dehors, hein, pourvu qu'on n'ait pas froid aux pieds...
- T'as pas le sentiment d'exagérer un peu ?
- A peine. On a évacué la tragédie de la sphère sociale, et l'homme a rapetissé. Il n'y a plus que des dérives, des nuisances, des pollutions, des problèmes et des malaises. Prends le crime, par exemple. C'est grand, ça, le crime ; c'est vertigineux, c'est métaphysique, ça ébranle les fondations du monde ! Demande à Dostoïevski, tu verras... Eh bien, regarde : aujourd'hui, cela s'appelle le problème de la délinquance et c'est un thème électoral. Votez pour moi, je protège mieux. Avec Peyrefitte, le loup prend la fuite. Ce n'est plus l'Etat-providence, c'est l'Etat-ange gardien... de la paix. Et vas-y que je t'amalgame : les fous de Dieu, les violeurs de l'Ardèche, le gang des postiches et les beurs des Minguettes. Tout ça, messieurs-dames, c'est des nuisances affreuses qui vous empêchent de vivre en paix. En paix, c'est-à-dire en toute sécurité et en toute liberté. Et vlan ! Autre amalgame, permettant d'introduire en douce une nouvelle définition de la liberté, une liberté par vertigineuse du tout, celle-là, pas métaphysique du tout, je te prie de le croire : être libre au XX° siècle, c'est être bien tranquille au chaud dans ses pantoufles. Et les taulards, qui ne veulent pas être en retard d'une mode ni d'un siècle, de réclamer leur paire de charentaises. Normal. Ils veulent être libres, quoi, merde alors ! »

Et je ponctuait ma diatribe d'un ricanement de mépris.


Claude Lucas - Suerte, l'exclusion volontaire
Terre Humaine, Plon - 1996

 

Tranches - R.C. Hopkins



Chacun veut sa part du gateau.

 




[...]

La Lune n'est pas un cake, dont chaque tranche a sa part égale de raisins de Corinthe.

[...]

En vérité, j'ai bien peur qu'il n'y ait pas assez de Lune pour contenter tout le monde.

[...]


R.C. Sherriff - Le manuscrit Hopkins
traduction Virginia Vernon & Daniel Apert
Plon - 1941

Fourbi - R. C. Sherriff






L'autre chambre n'était pas en meilleur état : là aussi la fenêtre avait été arrachée avec son cadre et les débris de bois jonchaient le plancher ; près du mur, cet amas s'élevait à hauteur de poitrine. Je n'ai jamais vu une si riche collection d'ordures ; il y avait deux lapins morts, et dans un coin, la casquette d'un soldat russe ; je découvris dans le foyer une trompette d'enfant et un catalogue de graines rédigé en suédois.


R.C. Sherriff - Le manuscrit Hopkins
traduction Virginia Vernon & Daniel Apert
Plon - 1941

 

L'arbre sut le temps maudit. - Catherine Ferrière Marzio



 

EDOUARD BOUBAT

La Petite Fille aux Feuilles Mortes, 1946




A la nuit.

L'enfant confia sa main
L'arbre sut la protéger
A l'aube.

L'enfant reprit sa main
L'arbre sut lever le jour

A midi.

L'enfant donna du pain aux oiseaux
L'arbre sut partager

Après revint la nuit.

L'enfant ne parut pas
L'arbre sut le temps maudit.


                                     Catherine Ferrière Marzio

 

The blacksmith - Keaton // Flaubert // Jarry




L’arbre mort étalé dans le milieu était gênant. Ils l’équarrirent. Cet exercice les fatigua. Bouvard avait, très souvent, besoin de faire arranger ses outils chez le forgeron.

Gustave Flaubert - Bouvard et Pécuchet - 1891






Le forgeron heaumé de cuir sphérique en capsule à qui aux yeux le courroux du feu souffle sa bave violette.

Alfred Jarry – Minutes d'art II - Art littéraire de mars-avril 1894



Rabelais et le Pape



Dans  LA MAIN DE SINGE :






Propulsé par Louis Watt-Owen

 

Apocope






blase


Jours bizarres - Arno Schmidt // Buster Keaton




Buster Keaton - Seven Chances (1925)



: « Il y a des jours curieux : le soleil a une façon bien particulière de se lever ; des nuages tièdes croisent bas ; un vent louche souffle de toutes les régions du ciel ; des avions à réaction font des lacets de sorcière dans les airs ; tous les créanciers ont subitement envie de réclamer leur dû ; on entend parler de gens qui se sont soudain enfuis. »


Arno Schmidt - Jours bizarres
Traduction Claude Riehl
La Main de Singe n°20 - Éditions Comp'Act - 1997


Arno Schmidt sur l'Autre Hidalgo



Le manuscrit Hopkins - R. C. Sherriff







J'écris à la lueur d'un bout de ficelle que j'ai enfilé dans un morceau de bacon planté dans un coquetier. J'écrirai la nuit. Il ne m'est plus possible de dormir dans ces abîmes lugubres et sans lune, et le jour je dois me mettre en quête de ma nourriture. Or, les journées sont courtes.

[...]             


R.C. Sherriff – Le manuscrit Hopkins
Traduction Virginia Vernon & Daniel Apert
Librairie Plon - 1941


Abord - Catherine Ferrière Marzio



Abord
La soie fracasse
Le membre sec
L'origine fière
Ploie refaite

Apport
La Loi trace
La Voix arme
L'Orbite éclate
A l'Oeil
Sûr !
Catherine Ferrière Marzio
 

... et les vents portent ... - Catherine Ferrière Marzio







... et les vents portent aux sables des déserts et les déserts brûlent de Dieu, bleus ! et dedans les vents tournent les bêtes montées et de la geste rougeoient les armes...

Catherine Ferrière Marzio
le texte complet ici

 

Prayer to god - Shellac



Je ne veux même pas savoir s'il y a des hommes avant moi.
Descartes





To the one true God above:
here is my prayer -
not the first you've heard, but the first I wrote.
(not the first, but the others were a long time ago).
There are two people here, and I want you to kill them.
Her - she can go quietly, by disease or a blow
to the base of her neck,
where her necklaces close,
where her garments come together,
where I used to lay my face...
That's where you oughta kill her,
in that particular place.
Him - just fucking kill him, I don't care if it hurts.
Yes I do, I want it to,
fucking kill him but first
make him cry like a woman,
(no particular woman),
let him hold out, hold back
(someone or other might come and fucking kill him).
Fucking kill him.
Kill him already, kill him.
Fucking kill him, fucking kill him,
Kill him already, kill him,
Just fucking kill him!
Amen.

Shellac - 1000 Hurts



 

" il aspira long, long, chu ! chu ! chu !... chu ! " - Jean Duperray






[...]

il s'assit, et yeux clos suavement, accoudé des coudes aux genoux, il aspira long, long, chu ! chu ! chu !... chu ! Le bon café dont l'odeur sur fumier et foin de grande étable dans la cour s'épandait arôme au sucre et gniole, marc de raisin morsure,
     jusqu'aux haies, depuis la table,
    les deux yeux fermés donc et le chapeau baissé, il mit dans le jus noir ses moustach'à tremper. Ses deux moustaches longues, gauloises en poil de chèvre, mijotaient du milieu dans la tasse en faïence, décorée richement de cette Japonaise, qui sur le pont passait, sur l'épaule une ombrelle.

[...]

- Celui de tes moustaches ! Vous le sucez après ?
    [...]

Jean Duperray – Harengs frits au sang – l'arbre vengeur - 2010



sur les conseils avisés de Louis Watt-Owen


Je vous en redirai - Catherine Ferrière Marzio







La roche profonde
des dehors vus
des dedans crus
nous y sommes
nus
dans les obscurités.

Je vous en redirai.

La ligne des horizons est aux silences des bêtes.
Une telle affirmation est le fait élevé à la gloire du poète.
Est-elle vraie ?
Oui.
Elle qui dit.
Mais !
Les réalités des faims, des cris, des sangs, des vies ?

Les lignes des horizons traversent les bêtes et les gens
ou
sont traversées.

Maintenant écrire les peurs des gens.
Ces gravités
jouées en patiences.

Je connais plusieurs perdus
aux soirs
épelant les abandons
penchés aux miroirs
délivrant les sciences liquides
de nuits déshabillées

Nuits Femmes !

ouvertes sur
des puits
des puits pour y brûler.
« Pour sûr Pour sûr. »

Pour suivre !

Dans les yeux vivants des gens
se taisent des baisers et
je vois des mains des mains
à leurs peaux dévisagées
et j'entends les coups au dur des cœurs.

Je vous en redirai.

Et des vinasses perlées aux fronts d'autres guerriers
lient les outrages flambés aux sangs chauffés
alors des moins que silences crachent les rancoeurs érigées.

Des verdures engluées aux pavés frottent leurs chevilles
car les froids sont arrivés
les froids des presque faims même si dans ce pays...

Les froids comme des bois pour s'y cacher

Aujourd'hui !

Et il y a des nantis aux biles furieuses
disant aux pauvres et maudits
les tristes suffisances
d'accusations pieuses
et d'aigres remontrances
l'ordinaire l'ordinaire...
des vies meurtries.

« Faut les crever ! »
« Pour sûr Pour sûr »

Pour suivre !

Et il y a des nuits
des nuits quand le loup fuit
plus que lui
rondes noires
des coquelets rieurs
aux toupets
jaunâtres
lardés et tremblant sur pattes
des nuits qui prennent en traître
les peurs des pauvres êtres.

Infamies crues !

Nuits marines
avec étoiles cousues
aux torses des petits ?

« Pour sûr Pour sûr »

Poursuivre...

Je connais de vieilles rides
offertes à nos actualités
elles grelottent un peu
dans les vastes incuries
à elles pour mourir attribuées.

Leurs têtes dodelinent bleuies
en mise-en-plis
aux airs des temps d'antan
frileuses sous soleils
fiévreuses tout pareil
cavales têtues
car ce qui est tu...

Parleuses dans les yeux
ô douces oublieuses.
Et leurs mains vieilles
tentent de donner
encore encore
et de tout pardonner
« On peut être et avoir été. »

« Faut les aimer ! »
« Pour sûr pour sûr »

A suivre.

Et les vieilles rides sont aussi aux vieux
sous casquettes
droits !
Ou pas.
Aux vieux revenus
de vieilles guerres
de vielles convictions
de vieilles obéissances
des vieux ors
des vieux jours et des vieilles nuits
des vieux hommes
enfants maris
des vieux.
Quoi !
Vous avez compris
il y a toutes les peurs
et
les dire où importent les crimes.
Tout a peur. Tout incrimine.

« Quand on y pense. »
« Pour sûr pour sûr. »

Et il y a la fleur.

La bête.

Et ces façons d'écrire...
Aux mondes parleurs pas écriveurs ! Parleurs ! S'exclamant ! Enjôleurs ! Penchés joliment sur les peurs. Devisant en mathématiques les choses des sentiments. Parleurs ! Pas écriveurs ! Mollissant aux ventres en jets cliquetant. Prises syncopées des réalités comme images pixelisées.
« Faut le dire faut le dire. »
Mais !

L'oiseau revient dans son silence, bête. Il se passe autre chose dans les gouffres. 



 

Les réCRÉATIONs du Tamanoir (n°3)


chez Lucien Suel,



Yann Fastier - Tamanoir - linogravure - 2012



J'enjambe ta bouche
J'étale
Ta balustrade
Ma lourde frisure
En filigrane
Sur la cascade de ta vigne
Joyce Mansour

Elle sait qu'à l'automne, autour de ses fruits, ses feuilles rougeoient
Alors son ordinateur, elle
le cache
Richard Belfer

Le corps en croix crie ses droits
Le toit du ciel dans l’entrecuisse
quand le soir veut sans cesse s'étirer
Claudine Bertrand

À mi-chemin entre l'origine et la perfection des temps
5 est le chiffre de l'homme, irrésolu parmi les choses certaines
Désordre essentiel dans la balance du monde
Jean-Paul de Dadelsen

Son corps-fleuve exposé au sanctuaire
L'univers des choses a basculé
Soudain la peau des paupières tournée vers l'intérieur
Claudine Bertrand

Son cœur traverse le pré de l'âme
La lampe est éteinte
La lumière aveugle une autre nuit
David Cantin

Secret. La profondeur lumin-essence. Loin
Là, décrire, tout écrire, coder les 3D virtuelles
Loin, la femme ouvre sa chair encor… Encor vie
Martine Jousselin

L'étreinte charnelle pousse son cri de sang
Puis tout devient silence. La femme secrète
replie ses ailes sur la blessure
Anne-Marie Chaumet

L'homme tend sans fin ses lèvres vers
ses enjambements. Elle enfourche son vignoble
L'amant agrippe le drap. Elle prend sa grappe
Richard Belfer

Cependant il hésite :
la verrue sur la fesse gauche
est-elle bien safe ?
Carole Darricarrère

D'autres n'auront rien écrit. Car
là où le silence apparaît, il vient un vide
à remplir au violon de tes sens.
A Fleury

Et l'homme bleu tombé du nid
bat la campagne tout le champ
de son grand chapeau à plumes
Anita J. Laulla

 

néant




rouge
 
 
 
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Jour du faune - Arno Schmidt


71ème jour du Calendrier Armée Noire


Laurent Gorris : « l’ombre du faune »



Au fond, dans un coin, un cruchon en terre, clissé de paille, au contenu noirâtre et desséché, lémurique et opiacé : Devait vivre comme un vrai faune, le frère n'en faire qu'à sa tête. Et avoir les oreilles salement pointues.




Soir bordé d'or - deuxième jour // Arno Schmidt - Maurice Nadeau éditeur 1991




« Viens que je te lave » : un bain complet à partir d'une boîte de conserve. (D'abord les soins de pédicure. Ravie, elle remua sa cheville étroitement bandée : « Parfait ! » reconnaissante et rassurée.) Maintenant, un peu de crème pour les brûlures des côtes et des hanches. Et satisfaite, elle frotta son ventre humide et duveteux contre mon visage. (Ensuite, ce fut à son tour de m'examiner : elle creva trois cloques et m'inspecta de près le postérieur et les bourses. Après quoi, nos investigations se firent de plus en plus indiscrètes et nos indiscrétions de plus en plus exploratoires.)

Extraits : Arno Schmidt – Scènes de la vie d'un faune
Traduction Jean-Claude Hémery & Martine Vallette
Christian Bourgois éditeur - 1991