Gros plan - Perrine Le Querrec






Le chêne sacré du village a été abattu
Gros plan un soldat mange, sa gamelle
Gros plan un soldat boit, son pot de métal
Gros plan, mains ouvrent quartiers d'orange épluchée
Gros plan, visage soldat qui mâche
Gros plan, soldat mange un citron
Gros plan, mains soldat qui écrit lettre
Gros plan visage vieille femme, foulard noir
Gros plan enfant avec béret
Gros plan soldat assis lit journal
Gros plan soldat coud
Gros plan visage femme, regarde ses mains puis lève les yeux
Gros plan enfants allongés par terre
Beau travelling latéral sur le groupe, du plus âgé au plus jeune
Gros plans, beaux visages, champêtre

Fous littéraires - Armée Noire // Félix Fénéon



366ème jour du Calendrier Armée Noire


Merci au Lièvre de Mars


 
Félix Fénéon lors des audiences du « procès des Trente »

Accusé de terrorisme, suite à un attentat dans un restaurant parisien, le critique, Félix Fénéon est jugé avec la fine fleur du mouvement anarchiste français.

« Le Président Dayras. – Votre concierge affirme que vous receviez des gens de mauvaise mine.
Félix Fénéon. – Je ne reçois guère que des écrivains et des peintres.
Pr. – L’anarchiste Matha, lorsqu’il est venu à Paris, est descendu chez vous.
F. – Peut-être manquait-il d’argent.
Pr. – À l’instruction, vous avez refusé de donner des renseignements sur Matha et sur Ortiz.
F. – Je ne me souciais pas de rien dire qui pût les compromettre. J’agirais de même à votre égard, monsieur le Président, si le cas se présentait.
Pr. – On a trouvé dans votre bureau des détonateurs, d’où venaient-ils ?
F. – Mon père les avait ramassés dans la rue.
Pr. – Comment expliquez-vous qu’on trouve des détonateurs dans la rue ?
F. – Le juge d’instruction m’a demandé pourquoi je ne les avais pas jetés par la fenêtre au lieu de les emporter au ministère. Vous voyez qu’on peut trouver des détonateurs dans la rue.
Pr. – Votre père n’aurait pas gardé ces objets. Il était employé à la Banque de France et l’on ne voit pas ce qu’il pouvait en faire.
F. – Je ne pense pas en effet qu’il dût s’en servir, pas plus que son fils, qui était employé au ministère de la guerre.
Pr. – Voici un flacon que l’on a trouvé dans votre bureau. Le reconnaissez-vous ?
F. – C’est un flacon semblable, en effet.
Pr. – Emile Henry, dans sa prison, a reconnu ce flacon pour lui avoir appartenu.
F. – Si l’on avait présenté à Emile Henry un tonneau de mercure, il l’aurait aussitôt reconnu. Il n’était pas exempt d’une certaine forfanterie.
Pr. – Vous avez dit que vous croyiez que les détonateurs n’étaient pas des engins explosifs. Or, M. Girard a fait des expériences qui établissent qu’ils sont dangereux.
F. – Cela prouve que je me trompais.
Pr. – Vous savez que le mercure sert à confectionner un dangereux explosif, la fulminate de mercure ?
F. – Il sert aussi à confectionner des baromètres. »

Soirée Grandes Gueules - Armée Noire



59ème jour du Calendrier Armée Noire


Présentation : Gilles Bouleau / David Pujadas / Carole Gaessler / Florence Dauchez / 
Xavier de Moulins / Daphné Roulier / Michel Grossiord / Alain Marschall ...

Le loup hurle - Annette Arkeketa







Nous enseignons à nos enfants

« on ne coupe ses cheveux
qu'en cas de deuil

d'un être cher
à notre coeur
mort récemment

le temps cicatrise la peine
pendant que les cheveux repoussent
et calme la douleur »

Donc un directeur
de notre école primaire
ignorant la signification de la tresse
de nos enfants

envoie un mot aux parents
épinglé à l'extrémité de
la tresse de ce garçon

« votre enfant ne sera
plus accepté à l'école
s'il ne coupe pas
ses cheveux ! »

sa mère veillant à
son « éducation »

coupa les cheveux de son fils

le loup hurle


Annette Arkeketa in Anthologie de la poésie amérindienne
Traduction Manuel Van Thienen
 Bacchanales n° 42 - Revue de la Maison de la Poésie Rhône-Alpes -Le Temps des Cerises

Karl, Hertha & Münchhausen - Schmidt // Bürger


 Le Baron de Münchhausen. Gravure de August von Wille -1872


« Comme ça que t'imagines ksé sur la Lune ? » demanda=t=elle en s'étonnant : « Ch'comprends pas : elle s'déroule où la scène ? »
« Peux=tu te représenter un ptit cratère, ma vie ? - 500 mètres de diamètre ? - Si soigneusement choisi=euh : qu'il a en son milieu 1 haute montagne centrale pointue : de laquelle partent vers les parois du cirque de 5 à 7 constructions en aluminium ; qui servent de supports à une coupole de plexiglas recouvrant l'ensemble : "GLASS TOWN" ! - Peux=tu te le représenter, Hertha ? »
« Pour sla, je peux dire que mon imagination est encore intacte. » répliqua=t=elle avec dignité : « Et qu'est=ce que "l'ardoise coucou à poil roux" a à voir là=dedans ? » / (« C'est ptêtre pas si bête, d'ailleurs » marmonna=t=elle par=derrière : « Un fond gris ardoise ; pommelé de rouge et de bleuâtre ; - : et le coucou ! ». Elle expulsa de l'air d'entre ses lèvres, d=contenancée : mais le nota quand même sur son carnet d'esquisses.)
« Dans la paroi intérieure de la montagne, des cavernes=ateliers, hein ? » - : « Ouii » dit=elle ; (nerveuse, parce qu'elle m'entendait éternuer) : « Tu peux pas te boutonner le col de la chemise ? Faut toujours que tu te balades les amygdales à l'air..... ». (Mais me rajusta avec un certain degré de tendresse le foulard qui s'était défait) : « Du silésien pour dire la « gorge nue » me renseignai=je : « Merci bien, c'est parfait..... »

Arno Schmidt - On a marché sur la Lande 
Traduction Claude Riehl 
Tristram - 2005






Dans la lune — car c’était là l’île étincelante où nous venions d’aborder —, nous vîmes de grands êtres montés sur des vautours, dont chacun avait trois têtes. Pour vous donner une idée de la dimension de ces oiseaux, je vous dirai que la distance mesurée de l’extrémité d’une de leurs ailes à l’autre est six fois plus grande que la plus longue de nos vergues. Au lieu de monter à cheval, comme nous autres habitants de la terre, les gens de la lune montent ces sortes d’oiseaux.

À l’époque où nous arrivâmes, le roi de ce pays était en guerre avec le soleil. Il m’offrit un brevet d’officier ; mais je n’acceptai point l’honneur que me faisait Sa Majesté.

Tout, dans ce monde-là, est extraordinairement grand : une mouche ordinaire, par exemple, est presque aussi grosse qu’un de nos moutons. Les armes usuelles des habitants de la lune sont des raiforts qu’ils manœuvrent comme des javelots, et qui tuent ceux qui en sont atteints. Lorsque la saison des raiforts est passée, ils emploient des tiges d’asperges. Pour boucliers, ils ont de vastes champignons.

Je vis en outre dans ce pays quelques naturels de Sirius venus là pour affaires ; ils ont des têtes de bouledogue et les yeux placés au bout du nez, ou plutôt à la partie inférieure de cet appendice. Ils sont privés de sourcils ; mais lorsqu’ils veulent dormir, ils se couvrent les yeux avec leur langue ; leur taille moyenne est de vingt pieds ; celle des habitants de la lune n’est jamais au-dessous de trente-six pieds. Le nom que portent ces derniers est assez singulier ; il peut se traduire par celui d’êtres vivants ; on les appelle ainsi parce qu’ils préparent leurs mets sur le feu, tout comme nous. Du reste, ils ne consacrent guère de temps à leurs repas ; ils ont sur le côté gauche un petit guichet qu’ils ouvrent et par lequel ils jettent la portion tout entière dans l’estomac ; après quoi ils referment le guichet et recommencent l’opération au bout d’un mois, jour pour jour. Ils n’ont donc que douze repas par an, combinaison que tout individu sobre doit trouver bien supérieure à celles usitées chez nous.

Les joies de l’amour sont complètement inconnues dans la lune ; car, chez les êtres cuisants aussi bien que chez les autres animaux, il n’existe qu’un seul et même sexe. Tout pousse sur des arbres qui diffèrent à l’infini les uns des autres, suivant les fruits qu’ils portent. Ceux qui produisent les êtres cuisants ou hommes sont beaucoup plus beaux que les autres ; ils ont de grandes branches droites et des feuilles couleur de chair ; leur fruit consiste en noix à écorce très dure, et longues d’au moins six pieds. Lorsqu’elles sont mûres, ce qu’on reconnaît à leur couleur, on les cueille avec un grand soin, et on les conserve aussi longtemps qu’on le juge convenable. Quand on veut retirer le noyau, on les jette dans une grande chaudière d’eau bouillante ; au bout de quelques heures, l’écorce tombe, et il en sort une créature vivante.

Avant qu’ils viennent au monde, leur esprit a déjà reçu une destination déterminée par la nature.

D’une écorce sort un soldat, d’une autre un philosophe, d’une troisième un théologien ; d’une quatrième un jurisconsulte, d’une cinquième un fermier, d’une sixième un paysan, et ainsi de suite, et chacun se met aussitôt à pratiquer ce qu’il connaît déjà théoriquement. La difficulté consiste à juger avec certitude ce que contient l’écorce ; au moment où je me trouvais dans le pays, un savant lunaire affirmait à grand bruit qu’il possédait ce secret. Mais on ne fit pas attention à lui, et on le tint généralement pour fou.

Lorsque les gens de la lune deviennent vieux, ils ne meurent pas, mais ils se dissolvent dans l’air et s’évanouissent en fumée.

Ils n’éprouvent pas le besoin de boire, n’étant asservis à aucune excrétion. Ils n’ont à chaque main qu’un seul doigt avec lequel ils exécutent tout beaucoup mieux que nous ne le faisons avec notre pouce et ses quatre aides.

Ils portent leur tête sous le bras droit, et, lorsqu’ils vont en voyage ou qu’ils sont à exécuter quelque travail qui exige beaucoup de mouvement, ils la laissent habituellement à la maison ; car ils peuvent lui demander conseil à n’importe quelle distance.

Les hauts personnages de la lune, lorsqu’ils veulent savoir ce que font les gens du peuple, n’ont pas coutume d’aller les trouver ; ils restent à la maison, c’est-à-dire que leur Corps reste chez eux, et qu’ils envoient leur tête dans la rue pour voir incognito ce qui s’y passe. Une fois les renseignements recueillis, elle revient dès que le maître la rappelle.

Les pépins de raisin lunaire ressemblent exactement à nos grêlons, et je suis fermement convaincu que, lorsqu’une tempête détache les grains de leur tige, les pépins tombent sur notre terre et forment notre grêle. Je suis même porté à croire que cette observation doit être connue depuis longtemps de plus d’un marchand de vin ; du moins j’ai bien souvent bu du vin qui m’a paru fait de grêlons, et dont le goût rappelait celui du vin de la lune.

J’allais oublier un détail des plus intéressants. Les habitants de la lune se servent de leur ventre comme des gibecières ; ils y fourrent tout ce dont ils ont besoin, l’ouvrent et le ferment à volonté comme leur estomac, car ils ne sont pas embarrassés d’entrailles, ni de cœur, ni de foie ; ils ne portent non plus pas de vêtements, l’absence de sexe les dispensant de pudeur.

Ils peuvent à leur gré ôter et remettre leurs yeux, et, lorsqu’ils les tiennent à la main, ils voient aussi bien que s’ils les avaient sur la figure. Si, par hasard, ils en perdent ou en cassent un, ils peuvent en louer ou en acheter un nouveau, qui leur fait le même service que l’autre ; aussi rencontre-t-on dans la lune, à chaque coin de rue, des gens qui vendent des yeux ; ils en ont les assortiments les plus variés, car la mode change souvent : tantôt ce sont les yeux bleus, tantôt les yeux noirs, qui sont mieux portés.

Je conviens ; messieurs, que tout cela doit vous paraître étrange ; mais je prie ceux qui douteraient de ma sincérité de se rendre eux-mêmes dans la lune, pour se convaincre que je suis resté plus fidèle à la vérité qu’aucun autre voyageur. 

Gottfried August Bürger - Aventures et mésaventures du baron de MÜnchhausen  - Traduction Théophile Gautier - Editions José Corti - 1998

" Lubrique et destructeur à la fois " - Oscar Panizza




William Hogarth - Credulity, Superstition and Fanaticism
Pièce présentée par Panizza devant le tribunal - 1895




LE DIABLE, après un moment de silence, s'adressant ironiquement à Dieu le Père. - Bon Dieu ! N'es-Tu pas le Créateur ? Serais-Tu ignorant ?

DIEU LE PERE, avec humeur. - Nous... hm ! Nous ne créons plus ! Nous sommes fatigués ! Et d'ailleurs le domaine proprement terrestre de la sensualité est de ton ressort. Donc, arrange-toi, souille les âmes si tu veux, mais qu'elles puissent retrouver leur pureté !

JESUS, encore faible, veut répéter ces dernières phrases, mais ne réussit qu'à proférer. - Souille – les – âmes...

LE DIABLE, à Dieu le Père. - Exciter les hommes à l'amour, dis-Tu, et en même temps les empoisonner ?

DIEU LE PERE. - Evidemment ! Sinon ils ne marcheront pas !

JESUS, qui a repris son souffle. - La volupté les rend aveugles, à ce que j'ai entendu dire.

MARIE. - Tiens ! On n'attrape pas les mouches avec du vinaigre !

DIEU LE PERE. - Cherche un peu dans tes chaudrons de sorcière ! Il n'y manque pas d'ingrédients ! Et dans ton enfer, tu en as stocké de toutes les couleurs ! Tu es passé maître dans ce genre de cuisine ! Touille, mélange, crée, engendre-moi quelque chose !

MARIE. - De toute façon, il faut que ce soit extrêmement alléchant – si possible, quelque chose de féminin !

JESUS. - Oui, extrêmement alléchant.

LE DIABLE, creusant une idée. - Lubrique et destructeur à la fois, dites-vous, en sommes ? Et que l'âme ne soit pas définitivement détruite ?

TOUS LES TROIS, ensemble. - Lubrique – destructeur – alléchant – vénéneux – voluptueux – atroce - - qui brûle le cerveau et les veines !

DIEU LE PERE. - Mais pas l'âme ! A cause de la contrition ! A cause du désespoir !

LE DIABLE, arrêtant brusquement là ses réflexions. - Attendez ! J'ai trouvé quelque chose ! Je vais en toucher deux mots à Hérodiade !
(à mi-voix pour lui-même)
Lubrique et destructeur à la fois !
(haut)
Je vous apporterai quelque chose !

MARIE. - Dieu soit loué ! Enfin !

LE DIABLE, faisant demi-tour pour partir.  -  Je crois que j'ai trouvé !

DIEU LE PERE. - Bravo ! Bravo !

MARIE. - Bravo ! Bravo !

JESUS. - Bravo ! Bravo !

TOUS LES TROIS, ils se lèvent de leurs sièges, autant que faire se peut, et joyeusement en frappant doucement dans leurs mains. - Bravo, Diable, bravissimo !

LE DIABLE, il s'incline encore une fois pour prendre congé et fait claquer ses doigts en se retirant. - Je reviendrai bientôt !



Oscar Panizza - Le Concile d'Amour
Traduction Jean Bréjoux
Editions Autrement Littératures

Lande - Arno Schmidt // Carlo Emilio Gadda



 le mur jaune=gris de roseaux et de vapeur d'eau




A 10 mètres du sol : (ce que je grimpe bien, quand c'est nécessaire !) Donc, à dix mètres d'altitude, reprenant mon souffle, j'inspecte les parages :

La surface des roseaux très étendue, peut-être 400 X 500 mètres (et l'arbre sur lequel j'étais perché avait certainement le même âge qu'eux). De longues lames de sagaies de 10 pieds de haut, couverte d'un enduit jaune, se dressaient immobiles et denses, véritable armée végétale. (C'était l'endroit le moins élevé de la région, point de ralliement des brouillards nocturnes et des filets d'eau brunâtres. - Tout à fait à droite, reconnaissable seulement à son toit vétuste : la ferme Söder.)


Arno Schmidt - Scènes de la vie d'un faune
Traduction Jean-Claude Hémery et Martine Valette
Christian Bourgois éditeur - 1991






Quelque soldat de la station-radio, sous le ciel germanique, sortait peut-être le dimanche vers les croix solitaires : de la lande de bruyère la draye menait à la forêt ; près du jardin des morts, avec une fleur, son amie l'attendait peut-être. Au-delà de tout sentier, au-delà de tout mal, sans qu'elle soit couronnée de cyprès, repose, en sa lumière opaque, immuable la mort*.


* Les cyprès sont propres à nos climat, aux cimetières de chez nous. Notre auteur part d'une vue concrète (un endroit déterminé, un cimetière donné, sis entre la brande et la forêt) et la dilate au point d'en faire un paysage symbole des royaumes de la mort. " ... sa lumière opaque... ", ambigu : lumière germanique ; lumière des mondes morts.




Carlo Emilio Gadda - Le château d'Udine
Traduction Giovanni Clerico
Les Cahiers Rouges - Grasset - 1991

Prophéties ou mémoires, ou journaux muraux - Andrea Zanzotto





Collines, difficilement prophétisantes,
torturées, tordues par votre vérité et indication jusqu'ici
pour un bref repas,
pour un psssit à l'oreille.
Maintenant : exérèse d'une bonne part
pour le moins inutile ; puis nous verrons.
Le torturant, le verbalisant des plus instables,
ce qu'on vous tend, ou le courroucé et demi-tour,
mais : protestation ou louange et - ainsi -
"vous" appelle, en vous se stabilise
Parler toscan, et ho-homme-me je sculpte, et Beauté avalisée.

Oh, seuls quelques regards ici alentour
pour chacun, pour tout, qui apporterait son munuscule,
sa goutte de don et d'oeillade.
Et chacun a sa petite théodicée en lui ;
ne pas rater le show, ni, par la suite, le show des petits outrages.
Egalement : prophéties, mémoires, journaux muraux,
monogrammes, plurigrammes partout, effleurant   "                ".
Et les interférences de vies,
à peine vi, çà et là évanouies,
déficiences ou simples spécularités
ou même déficiences de spécularités.
Et, tout pareil, plaques sensibles, dossiers, enregistrements
pour attester de-ci de-là du passage
de la force de la grâce. "Grâce."
Gratitude initiale - c'est cela qu'on veut comprendre
et vous avouerez - ou le crime, l'outrance.
Qu'entre la gloire. Les restes de la gloire.


Andrea Zanzotto, in La Beauté
Traduction Philippe Di Meo
 Ed. Maurice Nadeau – 2000 – p.113

Zad&Magie partout



Photo Jean-François Castell

La nuit titube - Thomas Vinau


ETC-ISTE


hanafuda power - Françoise Lonquety // Armée Noire


7ème & 8ème semaines du Calendrier Armée Noire :







Haiku noir - 14 février - Béguin
Saint Valentin -
le cardiologue lèche
un coeur en sucre




Haiku noir - 15 février - Rébellion
Cimetière normand
enterrés face à l'église
tous - sauf mon grand père




Haiku noir - 18 février -
Quel âge avez-vous?
sérieusement répondre :
comme la Nintendo




Haiku noir - 21 février - Tout public
Un mètre cinquante
sa mère le mesure
coincé dans l'armoire






Des journées ordinaires - Mansfield.TYA






je mange . je dors

je fais l'amour avec des containers

je respire . j'attends la mort

je chope des maladies dans l'air

je bois . je pleure

de temps en temps j'appelle ma mère

je ris . je regard' l'heure

je passe des journées ordinaires

je crie . je lance

des injures je vocifère

je gueule . je balance

pis me fatigue et bois une bière

je pense . mais pas trop

sinon très vite tout devient clair

à trop penser . on s'enlise

et on devient vite suicidaire

je joue . je chante

une thérapie involontaire

je perds la tête . et mes manteaux

pour oublier les adultères 

pour oublier les adultères

je regarde . en silence 

un chat qui s'est ouvert l'artère 

et je tremble . comme une branche 

j'lai regardé j'n'ai rien pu faire

je regrette . je m'excuse

je n'change rien à l'atmosphère

statutaire . générale

monumentale des tortionnaires

je regrette . je m'excuse

je suis juste un être primaire

je travaille . je m'étouffe

on m'a mis là je n'sais rien faire 

on m'a mis là je n'sais rien faire