Prophéties ou mémoires, ou journaux muraux - Andrea Zanzotto





Collines, difficilement prophétisantes,
torturées, tordues par votre vérité et indication jusqu'ici
pour un bref repas,
pour un psssit à l'oreille.
Maintenant : exérèse d'une bonne part
pour le moins inutile ; puis nous verrons.
Le torturant, le verbalisant des plus instables,
ce qu'on vous tend, ou le courroucé et demi-tour,
mais : protestation ou louange et - ainsi -
"vous" appelle, en vous se stabilise
Parler toscan, et ho-homme-me je sculpte, et Beauté avalisée.

Oh, seuls quelques regards ici alentour
pour chacun, pour tout, qui apporterait son munuscule,
sa goutte de don et d'oeillade.
Et chacun a sa petite théodicée en lui ;
ne pas rater le show, ni, par la suite, le show des petits outrages.
Egalement : prophéties, mémoires, journaux muraux,
monogrammes, plurigrammes partout, effleurant   "                ".
Et les interférences de vies,
à peine vi, çà et là évanouies,
déficiences ou simples spécularités
ou même déficiences de spécularités.
Et, tout pareil, plaques sensibles, dossiers, enregistrements
pour attester de-ci de-là du passage
de la force de la grâce. "Grâce."
Gratitude initiale - c'est cela qu'on veut comprendre
et vous avouerez - ou le crime, l'outrance.
Qu'entre la gloire. Les restes de la gloire.


Andrea Zanzotto, in La Beauté
Traduction Philippe Di Meo
 Ed. Maurice Nadeau – 2000 – p.113

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