Harengs frits au sang - Jean Duperray



- Avant le grand plongeon, reprendre son souffle !
- On en recausera ...



Jean Duperray



THEOREME

Je veux, dans cette brève préface, non pas tenter de me faire pardonner les « trop longs commentaires » intégrés à de précédents récits, mais redire, une fois de plus, que, plus je vais, plus je pense, entre autres certitudes, que la magie picturale d'un livre, à la manière de celle des natures mortes, révèle d'abord son authenticité à son pouvoir indestructible de doter notre mémoire la plus interne d'inimitables assemblages d'objets familiers et sonores à ce point semblables à ceux de nos souvenirs que, par un subterfuge au mécanisme indiscernable, aussi insidieux qu'une germination filmée, à la limite précise où l'on n'en peut encore voir le mouvement, c'est de souvenirs artificiels qu'en fait nous nous trouvons dotés et qui, bientôt, se mêlant aux nôtres, s'y assimilent si bien que nous ne les en distinguons plus, sinon par l'étonnante et presque abusive parenté d'élection qu'avec les plus vivaces d'entre eux ils marquent justement par tout ce que, par rapport à eux, ils conservent d'insolite.


Jean Duperray – préface à Harengs frits au sang
L'arbre vengeur - 2010

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