Le caillou dans la bouche - mamabenz





tout d’abord le brouillard. avec le soleil.
les cimes des arbres détourées, les monts et collines multipliés.
une mélan-coli-coli-colie
des vagues, des vagues, des vagues
de brouillard.
je suis diffuse et je
me sens prête à disparaître avec la brume
j’expire tout l’air engagé dans cette lente traversée du paysage dans mes poumons
dans cette apnée.
c’est super violent comme c’est lancinant, à ce moment là
.
puis le gel, la neige. je me solidifie à nouveau, les joues roses comme un bébé.
le sang circule excité par la neige.
et le soleil de suite après.
je suis heureuse.
je hurle!
là je hurle
là tout de suite maintenant et ici ici ici ici
je hurle à fond à ce moment précis
là tout de suite
alors là je tombe par terre, je me secoue dans la terre. mouillée. c’est dommage avec le sol sec ça aurait eu un impact visuel plus fort. avec la poussière qui vole. du coup je suis obligée de montrer que le sol mouillé c’est aussi un sol qui communique, moins dans la diffusion mais plus dans l’adhérence. du coup je me colle à la terre, je rampe, je donne des coups d’épaules (j’ai un marcel près du corps, parce que les épaisseurs ça me donnerait une idée de la vie du mouton pas de l’homo sapiens), ça fait un flopplof fort, un son très grave et humide, c’est beau, je continue longtemps. ma peau est rougit par le froid et les coups. c’est pas du tout désagréable de se réchauffer en tapant du froid contre ses muscles.
mon corps un paysage, ce paysage mon corps, mon corps ce paysage de mon corps, ce corps de paysage, ce gros corps de paysage, je suis tout mon corps de ce paysage, ce bon gros vieux paysage là tout de suite maintenant ce décor flottant pour faire un corps.
comme ça n’me suffit pas le souffle de la voix pour parler de ça, je mange un caillou pour dire ça, un gros truc froid, si je trouve un caillou pointu ça donne un côté piquant, ça fait des pics dans la voix, la rythme, etc, durant le temps où le caillou fait son tour dans ma bouche bougé par ma langue, comme c’est un peu touchy ça, ça fait passer la pilule, ça trouve une voix. si je suis en petite forme je privilégie le caillou rond, le bon poto, avec un goût bien minéral, je me concentre sur le goût qu’il a et parle d’une voix pâteuse plus pépère. c’est pas mal non plus, le côté terrien de l’agri qui goûte sa terre pour savoir si elle est bonne. c’est pas la grande aventure à rebondissements mais c’est une aventure au long cours aussi, ça laisse le temps de profiter du paysage. ouais on le goûte, c’est ça. en fait une fois qu’on a bien fait tourner le caillou pointu on le pose dans la bouche, et là on le goûte, voilà, c’est ça.

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